Société A Nantes, l'insécurité divise après une série noire de violences
DELINQUANCE Une manifestation se tient ce samedi dans la sixième ville de France, où les épisodes de violences se sont multipliés cette semaine
La scène est aussi surprenante que spectaculaire pour ces deux femmes qui promènent tranquillement leurs chiens le long de la Loire. Devant les grandes tours du quartier Malakoff, à Nantes, une longue rangée de fourgons de police viennent de se garer, desquels des dizaines d’hommes, armés et casqués, descendent les uns après les autres. Ce jeudi soir, c’est dans ce quartier sensible que la CRS 8 s’est déployée. Cette force mobile d’une centaine de policiers, spécialisée dans les violences urbaines, sillonne la ville depuis que le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a décidé de l’envoyer en urgence à Nantes, mardi soir. Quelques heures auparavant, un policier avait été grièvement blessé par un scooter lors d’un refus d’obtempérer.
L’insécurité est-elle devenue incontrôlable dans la sixième ville de France ? La question, dont se sont largement emparés de nombreux médias et chaînes d’info en continu, se pose et divise. Pour une partie des commerçants et professionnels de la nuit, dont certains se rassembleront samedi après-midi (15 heures) place Royale pour « exprimer leur ras-le-bol », la réponse est oui. « Depuis la rentrée, ça a encore accéléré à fond, déplore Guillaume, le coprésident de l’association S2N, qui organise cette manifestation. Tous les jours, on nous rapporte une agression : des passants victimes de coups de couteau, un barman braqué à l’arme à feu ! Depuis le temps que nous les dénonçons, il faut attendre aujourd’hui pour que Madame la maire se réveille. »
Un avis que ne partage pas Teddy Robert, le président de l’association des commerçants Plein centre. « Sans être dans le déni de l’insécurité, en parler fait beaucoup plus de mal au commerce que l’insécurité elle-même, juge celui qui ne participera pas au rassemblement de samedi. Mais on travaille sur le sujet aux côtés de la mairie depuis longtemps. Et même si ça ne porte pas encore ses fruits, nous continuerons à œuvrer, tout en travaillant sur l’animation du centre-ville. »
Alors que la préfecture de Loire-Atlantique indique que les faits de délinquance générale ont baissé de près de 10 % par rapport à 2019, l’exceptionnelle série noire que vient de vivre la Cité des ducs a de quoi interroger. Outre le policier blessé, une habitante de 40 ans a été violée par deux hommes, le week-end dernier, alors qu’elle traversait au petit matin l’esplanade des Machines de l’île. Mercredi, c’est un ado qui était la cible de plusieurs coups de feu, tirés en plein jour quartier des Dervallières. Et le lendemain, un corps présentant une trace de balle dans le front était retrouvé, en partie brûlé, dans un parc de Saint-Herblain… Chez les habitants, les questionnements sont les mêmes. Miroir déformant ou dégradation alarmante de la sécurité ? Selon les profils, les avis divergent.
L’opposition nantaise, elle, n’y va pas par quatre chemins. « C’est la conséquence logique de plusieurs années de laisser-faire et de lâcheté de la gauche », condamne dans une tribune le conseiller municipal Les Républicains Guillaume Richard, alors que Bruno Retailleau a désigné Nantes comme « le symbole de l’échec des politiques de sécurité publique ». De vives critiques qualifiées d’ « instrumentalisation » par la maire (PS) Johanna Rolland, qui assure avoir fait de la sécurité l’une de ses priorités (avec notamment le doublement de la police municipale, l’installation de 200 caméras…) mais qui demande aujourd’hui encore davantage de moyens à l’État pour lutter contre le problème numéro 1 selon elle : « le fléau des trafics de drogue ».

Vendredi, entourée de plusieurs représentants des commerçants et du monde économique pour montrer qu’ils « font bloc », l’édile a dévoilé les mesures qu’elle réclamera à Gérald Darmanin lors d’un rendez-vous mardi : « Nous demandons une force mobile pérenne de 80 policiers nationaux dédiée à la lutte contre la délinquance, ainsi qu’une présence policière continue de 18 heures à 6 heures du matin sur l’hyper centre-ville (Feydeau-Bouffay-Commerce), détaille la maire. Nous ne laisserons pas les atouts de notre belle ville être abîmés par cette question, autant légitime soit-elle. » Pour l’association S2N, la ville doit aller encore plus loin. « Il faut plus d’éclairage, plus de caméras, et une police municipale présente 24/24, estiment ses membres. C’est urgent pour que le calme revienne. »
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