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A l’heure où la France s’interroge sur le financement de sa transition énergétique, la question s’invite dans la campagne présidentielle : faut-il modifier le statut de l’électricien EDF, coté en bourse depuis 2005 mais détenu à 84% par l’Etat, afin d’accompagner le renouveau du nucléaire voulu par le gouvernement ?
S’il n’en tenait qu’à Emmanuel Macron, en tout cas, le dossier serait déjà bouclé, ou en passe de l’être. Et pour cause, dans son ancien projet de réorganisation du groupe baptisé « Hercule », puis « Grand EDF », l’exécutif espérait ramener intégralement les activités nucléaires dans le giron public, en les séparant par là-même du pôle « renouvelables ». Refusée par les syndicats, vent debout contre un « démantèlement » d’EDF, et par la Commission européenne, inquiète d’un nouveau monopole d’Etat, cette idée avait finalement été abandonnée à l’été 2021.
Ou, du moins, suspendue. Car un « Hercule bis » pourrait bien être remis sur la table lors de la prochaine mandature. Dans le discours de présentation de son programme, jeudi 17 mars, le désormais candidat Emmanuel Macron a en effet ouvert la voie à de nouvelles discussions sur le sujet en cas de réélection.
« Je pense que sur une partie des activités les plus régaliennes, il faut considérer que l’Etat doit reprendre du capital, ce qui va d’ailleurs avec une réforme plus large du premier électricien français », a-t-il déclaré.
Implicitement, le chef de l’Etat fait mention des activités nucléaires d’EDF, après avoir acté le 10 février dernier sa volonté de relancer l’atome civil en France, et annoncé la construction de six nouveaux réacteurs EPR – plus huit posés en option sur le plus long terme -, ainsi que la prolongation « le plus longtemps possible » du parc existant. Au vu du mur d’investissement auquel EDF fait désormais face, l’exécutif espère donc assurer des coûts de financement moins élevé pour les futurs EPR.
Et pour cause, si les actifs nucléaires de l’électricien revenaient à 100% dans le giron de l’Etat, ces coûts s’en trouveraient amoindris, puisqu’EDF pourrait lever de la dette directement sur les marchés. « C’est une question essentielle. Si c’est une structure publique dans laquelle l’Etat peut injecter 30 milliards d’euros sans que la Commission européenne estime que cela distord la concurrence, la question du financement du parc est en partie réglée », souligne Nicolas Goldberg, senior manager Energie chez Colombus Consulting
« Le gouvernement veut éviter de faire comme à Hinkley Point, en Angleterre, où l’EPR a été financé essentiellement sur des fonds privés. Car on voit que cela revient trop cher, autour de 100 euros le MWh ! Selon le National Audit Office [l’équivalent de la Cour des comptes outre-Manche, ndlr], changer le montage financier aurait pu permettre 30% d’économies », illustre le consultant.
Lire aussi 7 mnNucléaire : « Comment tout cela peut-il se financer puisque chacun sait qu’EDF est extrêmement endetté ? » (PDG EDF)

Mais Emmanuel Macron risque, une nouvelle fois, de se heurter à l’opposition des syndicats, inquiets d’un possible découpage du groupe dans le futur. « Cette nationalisation va-t-elle concerner le nouveau nucléaire uniquement ? La prolongation du parc historique ? L’hydraulique ? Et qu’adviendra-t-il des actifs dans les énergies renouvelables, qui sont aujourd’hui stratégiques ? », s’interroge Sébastien Michel, délégué fédéral FCE-CFDT.
« Attention aux grands effets d’annonce quinze jours avant l’élection d’une renationalisation, qui serait purement électoralistes et ne répondrait pas aux questions qui fâchent », avait pour sa part averti en janvier Fabrice Coudour, secrétaire général de la CGT mines-énergie.
De fait, ces questions restent nombreuses. « Et notamment sur l’avenir d’EDF R&D, sur la viabilité d’EDF Commerce, ou encore sur une possible séparation entre RTE et Enedis. On peut se demander quelles sont réellement les obligations de service public d’EDF pour le gouvernement », développe Nicolas Godlberg.
Alors que l’exécutif avait promis une « grande consultation » des parties prenantes sur le sujet, entre EDF, l’Etat et les fédérations syndicales, ces dernières regrettent de n’avoir « toujours pas reçu de coup de téléphone ». « Le groupe vit, vend, achète. C’est le cours des choses. Mais il doit rester intégré, c’est-à-dire avoir une cohérence globale », fait valoir Sébastien Michel.
Lire aussi 9 mnEnergie : pourquoi les deux prochaines années seront décisives pour EDF

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