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En trois décennies, Michel Ohayon, un homme d’affaires bordelais spécialiste de l’immobilier, a bâti un petit empire qui se fendille à vue d’œil.
Temps de lecture : 4 min
La scène se passe le 20 octobre 2018, au Grand Hôtel de Bordeaux. Elle est rapportée par nos confrères de Sud Ouest. Le propriétaire de ce 5-étoiles fait son show durant trois heures devant de jeunes ambitieux, distillant de-ci de-là des conseils. « Dans le monde de l’entreprise, 90 % du succès relève du courage et de la prise de risque. Les diplômes, le savoir-faire et l’expérience ne comptent que pour 10 %. Quelqu’un qui n’a rien, mais ose, peut tout avoir », leur lance alors Michel Ohayon (61 ans). C’est que cet homme est une star locale au rayonnement international. Alors, ces moins de 30 ans, se rêvant entrepreneurs à succès, l’écoutent raconter son ascension. Dans la besace de l’hôte, on trouve des perles et des perles : avant tout des établissements de luxe à Versailles, à Roissy, à Jérusalem et à Bordeaux donc, mais aussi des magasins exploités sous enseigne Galeries Lafayette, La Grande Récré… Naviguant entre la capitale girondine et Paris, Michel Ohayon a construit en trois décennies un petit empire mêlant immobilier de centre-ville et commerces.
Après le premier confinement lié à la crise du Covid, sa faim a décuplé. À ce moment-là, les occasions de rachat à prix bradés ne manquent pas. Aux commandes de la Financière immobilière bordelaise (FIB), Ohayon reprend, coup sur coup, deux réseaux en petite forme et bien connus du grand public, Camaïeu (2020) et Go Sport (2021), avec la promesse de les redresser. Résultat des courses : le distributeur de vêtements de femmes a fermé ses portes en septembre ; le deuxième est loin d’être sorti d’affaires… Quel curieux personnage, ce Michel Ohayon. Avant ces deux acquisitions, il n’était pas rare de tomber sur ses interviews dans la presse. Puis, plus rien. Silence radio. Il a d’ailleurs refusé à plusieurs reprises nos sollicitations.
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Son histoire telle qu’elle est présentée est belle. Né le 7 juillet 1961 à Casablanca, il atterrit à l’âge de 2 ans à Mérignac, dans la proche banlieue de Bordeaux, en provenance du Maroc. Ses parents sont marchands de tissus. La vie est douce sous le soleil du Sud-Ouest : sur les bancs de l’université, Michel Ohayon s’intéresse aux sciences économiques. À l’issue de ses études, il bénéficie d’un coup de pouce de ses parents pour ouvrir, à 22 ans, son premier magasin de vêtements pour hommes, dans le quartier de Meriadeck, à Bordeaux. Il est franchisé du réseau Daniel Hechter. Très vite, il se renforce : il met la main sur 10 ou 15 magasins de ce réseau. Le chiffre diverge d’un article de presse à l’autre.
Dans les années 1990, il poursuit son maillage du centre-ville de Bordeaux jusqu’à en devenir un des principaux propriétaires fonciers. Avec son frère et son épouse, il y rachète de nombreux immeubles dans le triangle d’or de la ville, les retape et les loue à des marques, souvent de prêt-à-porter, telles que H & M, Zara, Celio, Etam, Mac Douglas… Le financement de ces opérations passe par des prêts ou des partenariats. Bingo. « J’ai compris la pertinence d’investir dans les immeubles à potentiel, puis d’aller convaincre des chaînes de vêtements de venir y installer une boutique », confiait-il à Forbes. L’appétit aidant, il s’attaque à d’autres cités françaises… En parallèle, il rafle le Grand Hôtel, une institution bordelaise qu’il rénove de fond en comble, s’imposant dans le paysage local et se forgeant la réputation d’un redoutable spécialiste de l’immobilier. Il n’est pas du genre à avoir peur des contentieux. Tant mieux. Car c’est un grand classique dans ce secteur d’activité. L’affaire jusque-là la plus retentissante – et qu’il a gagnée – portait sur des retards de paiement de ses fournisseurs. « Le problème d’une entreprise, c’est la gestion de sa trésorerie », avançait-il.
Avant l’épisode de la liquidation de Camaïeu, l’ensemble de ses actifs était estimé par des observateurs à 2 milliards d’euros. Problème : à travers la FIB, il détient une galaxie de sociétés civiles immobilières non consolidées aux montages financiers complexes, où la Bank of China est un des protagonistes. Ce qui empêche de bien mesurer les contours et la solidité de son empire.
« Pour moi, les pure players comme Amazon sont plus en danger que les commerçants de quartier. » C’est ainsi qu’il justifiait sa soif de commerces. La Grande Récré, Camaïeu, Go Sport…, des enseignes avec des implantations exceptionnelles, en somme de bons biens immobiliers. Avec Camaïeu, Michel Ohayon a raté son pari de redressement. Sa liquidation a été retentissante, laissant sur le carreau plus de 2 100 salariés en septembre. Désormais, ce sont les 2 160 employés de Go Sport qui s’inquiètent d’un éventuel naufrage.
On prête à Michel Ohayon un penchant pour la politique, un amour pour la mer, ou encore une passion pour Marc Chagall. Il adorerait aussi les manuels de management. « De Trump à Steve Jobs, j’ai consommé sans modération toutes ces bibles dédiées aux esprits visionnaires et parfois clivants. Très tôt dans mon parcours, j’ai voulu comprendre la clé de leur réussite. » Cet été, il figurait encore à la 104e place du classement des fortunes professionnelles de Challenges. Souvent les entrepreneurs que croise Le Point n’apprécient pas ce palmarès. En 2016, lui nous disait à ce sujet : « Cela permet de se repérer et de créer une émulation, car je n’ai pas honte de réussir. Je prends des risques, j’échoue souvent, mais quand je réussis, j’en suis fier. »
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Un article qui fait revister l’arlesienne de cette réforme des tribunaux de commerce…

Des entreprises en question, dignes de ce nom, rabaissées au rang de fournisseurs, risquant bien la faillite, servant d’amortisseurs malgré-elles, sans pouvoir, ici, facturer, comme le font toutes les banques, sur les longs et conséquents découverts bancaires des agios au taux de l’usure…

D’autant plus que de l’autre côté, les impayés aux dites entreprises sont par défaut, placés sur des comptes particuliers qui rapportent des intérêts…

une déclinaison des pyramides de Ponzi
@RT 49
bonjour RT 49
votre réaction typique est insensible au marché et à l’environnement qui seuls, peuvent expliquer la faillite sans faire appel à la malhonnêteté ou à l’incompétence.
Vous avez mis au point un plan de redressement parfaitement efficace et vous êtes victime d’une fermeture administrative avec le covid, qui oblige à payer vos charges en n’ayant pas de recettes ; vos fournisseurs ne peuvent pas vous livrer et donc vous alignez des pertes d’exploitation ; au vu de ces résultats et des perspectives, vos banques sont dans l’obligation légale de vous lâcher.
Où est votre faute ?
cdt
La crise de l habillement est devant nous, beaucoup de jeunes sont alternatifs et revendiquent les habits de secondes mains, d autres s habillent dans les marques sessun, tara jarmon, etc. …… Plutôt chers mais avec les soldes le prix est raisonnable, d autres s habillent avec des marques peu chères chinoises etc. ……, mais l habillement pollue, il faudra diviser par deux nos achats, et avec la baisse de natalité et du climat la crise n est pas fini.
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