Publié le 21/01/2021 à 11h00
Gaelle Chazal
Couvreur l’été, directeur de l’école de ski du Sancy et président de son syndicat l’hiver, Alain Audigier ne voit pas le bout de la crise sanitaire. Comment la montagne va-t-elle sortir de « cette saison catastrophique » ?
Nous lui avons posé la question afin de comprendre les difficultés quotidiennes auxquelles il doit faire face et alors même qu’élus et professionnels annoncent ce jeudi 21 janvier leur plan “Le Sancy, la grande ouverture”, à Clermont-Ferrand.
A cause du Covid, cette saison est complètement tronquée. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
“Plus que tronquée, cette saison est catastrophique parce qu’on a tout ce qu’il faut. L’an dernier, la nature nous avait privés de la neige ; cette année, elle nous l’a donnée en abondance et on ne peut pas exercer. C’est catastrophique parce qu’on va enchaîner deux très mauvaises années.
C’est difficile deux années de suite. Autant, sur une année, si on en fait quatre ou cinq bonnes, l’école de ski peut survivre, car on a la trésorerie qu’on met de côté en cas de coup dur. Sauf que, là, on a épuisé notre trésorerie l’an dernier. Cet hiver, on n’a pas de quoi faire face au manque à gagner.”
Les aides de l’Etat vont vous aider non ?
“Un moniteur de ski va être indemnisé. Le problème, c’est qu’il va être indemnisé sur N-1, donc sur une année « merdique » où il a gagné 20 % de ce qu’il aurait dû gagner sur une année normale. On a beau demander si on ne peut pas être indemnisé à N-2 ou N-3, on n’a, a priori, pas de réponse positive dans cette direction.
Alors l’indemnisation va être très faible parce que l’hiver dernier a été très très faible.”
Les moniteurs de l’école de ski du Mont-Dore ont rejoint le mouvement national des ESF samedi 16 janvier.
Du côté de l’école de ski, vos frais fixes restent les mêmes. Où en êtes-vous actuellement ?
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“On a investi dans des canons à neige dont il faut bien payer les traites. On a acheté du matériel, il faut payer les secrétaires…
Malheureusement, on travaille à 10 % de notre activité normale mais il faut bien la présence des secrétaires, du directeur et de notre outil de travail. On a nos frais fixes mais pas de rentrée d’argent. On va être dans le rouge.”
Les moniteurs de ski exercent une double activité l’année…
“La plupart des moniteurs ont une double activité, mais ils sont souvent sur des contrats à durée indéterminée ou déterminée et arrêtent leur contrat pour venir travailler à l’école de ski. Aujourd’hui, beaucoup n’ont pas d’engagement et n’ont pas de possibilité de retourner sur un autre travail.”
Les professionnels du Sancy prêts à riposter et dévoiler leur plan de “grande ouverture” à Clermont-Ferrand
“Moi, par exemple, je suis couvreur l’été. Le fait qu’il y ait de la neige c’est génial pour le ski, mais je ne peux pas aller travailler sur les toits.
Et puis il y a le fait qu’on fait tout notre possible pour travailler malgré tout, et qu’on est obligé d’être présent. Moi le premier, en tant que directeur.
Je suis à l’école de ski depuis le 1er septembre non-stop. On l’a ouverte le 10 décembre mais on a tout de même enregistré, tout l’automne, des réservations pour les mois de janvier, de février, pour les classes de neige… Et là, tous les jours, les classes de neige nous disent qu’elles ne peuvent plus venir et idem pour les clients enregistrés pour février.
Il va falloir rembourser tout le monde ; c’est un gros travail administratif qu’il va falloir faire sur février, mars et avril.”
En tant que directeur, Alain Audigier se doit d’être présent tous les jours aux côtés d’une de ses secrétaires pour montrer que l’école de ski est bien ouverte malgré tout.
“Au final, j’aurais été présent encore une fois huit mois mais sans la rémunération, ni rentrées d’argent à l’école de ski. Mais je veux aussi être là pour soigner notre image. On travaille quand même sur les débutants. On a un tapis d’ouvert, on fait du ski de randonnée…”
Quel niveau d’activité enregistrez-vous actuellement ?
“Pendant les vacances de Noël, on a fait 8 % de notre chiffre d’affaires habituel  ! Ce n’est pas grand-chose pour un gros investissement.
Pour nous, l’hiver se divise en trois périodes : la semaine de janvier ; janvier avec les classes de neige (et là on ne fait rien) ; février avec les vacances sur quatre semaines, durant lesquelles on fait une grosse partie de notre chiffre.”
Actuellement, c’est réellement ennuyeux et je ne vois pas la sortie. Financièrement, je ne vois pas non plus comment on va s’en sortir en tant que syndicat local, hormis si le gouvernement sort une aide que pour le moment on n’a pas.

L’école de ski pourrait-elle mettre la clef sous la porte ?
“Les moniteurs sont des travailleurs indépendants, pas des salariés. L’école de ski, c’est leur outil de travail. Si jamais il le faut, je serais capable de leur demander une participation pour maintenir en vie notre syndicat local et notre école de ski pour pouvoir retravailler l’année prochaine. On ne peut pas se permettre de mettre la clef sous la porte ! Il faut préparer l’hiver prochain.”
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Effectifs. Soixante moniteurs sont inscrits à l’école de ski. Une dizaine d’entre eux viennent surtout en cas de surcroît de travail. L’ESF compte aussi deux secrétaires, dont une est toujours en chômage partiel.
Propos recueillis par Gaëlle Chazal
7 commentaires
63 cfe a posté le 21 janvier 2021 à 23h30
Et on s aperçoit aujourd’hui qu il y a une crise économique alors que nous Professionel du tourisme, on est au chômage depuis presque 10 mois! Tout ça parce que 4 stations de ski ne peuvent pas ouvrir! Alors qu on est tous au chômage depuis le 14 mars ! Ils étaient où depuis le 14 mars dernier? Dans une grotte? Ils ont soutenu les agences de voyages, les guides, les autocaristes?
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gill a posté le 21 janvier 2021 à 21h02
les ESF sontbsouventbdes associations et donc droit aux aides decl’etat.
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michou a posté le 21 janvier 2021 à 14h17
tout a fait d’accord avec eux mais combien d’entre eux on voter pour Macron????????? qui de ces grandes études là rendu intelligent mais sur le terrain quand on a jamais travaillé de sa vie on plane à 15 mille….
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soutien a posté le 21 janvier 2021 à 12h50
Je soutiens à 100% les stations de ski qui subissent la gestion calamiteuse,de gens grassement payés qu’on ne peut plus excuser, un an après le début de cette crise sanitaire.
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merou63 a posté le 21 janvier 2021 à 12h44
Investir dans des canons à neige alors que le réchauffement climatique nous privera de neige de plus en plus souvent était ce bien raisonnable ?
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Etienne NICOT a posté le 21 janvier 2021 à 11h56
Je me suis laissé dire que le ski rapporte moins à l’industrie du tourisme qu’il ne coûte à la sécurité sociale et au secours en montagne. Est-ce exact ?
Fanfan 63 a répondu le 22 janvier 2021 à 19h43 Non c’est faux. https://www.unionsportcycle.com/montagne/les-chiffres-cles-du-marche-du-ski-en-france
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