« Pour les Québécois, venir à Brouage, c’est un peu leur pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle », résume Damien Castillon, un restaurateur établi dans cette citadelle fortifiée perdue au cœur des marais, entre Rochefort et l’île d’Oléron.
Classé aux Monuments historiques dès 1931 et membre du prestigieux cercle des plus beaux villages de France, le minuscule village de Brouage attirerait chaque année plus de 10 000 Québécois et Acadiens. La raison? Cet ancien port de commerce du sel, militarisé par le cardinal de Richelieu et Vauban au XVIIe siècle, est aussi le lieu de naissance présumé de Samuel de Champlain, le fondateur de la ville de Québec.
Grand explorateur et cartographe, ce navigateur sera le premier à baptiser « Nouvelle-France » les terres colonisées en Amérique du Nord au nom du roi et à y installer les premières colonies françaises permanentes. « Pour nous, Champlain, c’est bien plus que Christophe Colomb », assure Jacque Dussault.
Installé au nord de Montréal, ce Québécois, dont les ancêtres ont autrefois quitté Mortagne-au-Perche (Orne) pour le Nouveau Monde, a fait un crochet sur la route des vacances et de l’île d’Oléron pour visiter Brouage. « Je suis venu par curiosité. Je ne connaissais pas ce village, mais ça m’intéressait de connaître son histoire. Ça me touche », lâche-t-il au pied d’une colonne de pierre dédiée à Champlain, et de l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Brouage.
À l’intérieur, huit vitraux ont intégralement été financés par des mécènes québécois pour mettre en lumière l’histoire de la Nouvelle-France. Même le gouvernement du Québec a autrefois financé l’achat d’anciens bâtiments militaires, transformés en lieux culturels, pour le compte de la commune de Brouage.
Sculptrice et tisserande, Roxanne Dupuis et Marie-Pier Saint-George ont justement été invitées cet été à y exposer leurs œuvres et à rencontrer des artistes du cru. Une première pour ces deux Québécoises qui habitent près de Montréal et à Québec, agréablement surprises par la taille et la quiétude des lieux.
« C’est charmant et très petit. Il y a beaucoup de points communs avec la ville fortifiée de Québec, sourit Marie-Pier Saint-George. Ici, à 18 heures, il n’y a plus un chat, on se retrouve avec soi-même, c’est super agréable », avance Roxanne Dupuis, qui ironise au passage sur le lieu de naissance supposé de Samuel de Champlain. « Né à Brouage ? Il faut mettre le conditionnel, personne ne le sait exactement ! »
À l’office de tourisme du village, Marion Carl et Morgane Schilainer acquiescent : « Champlain est un personnage mystérieux, nous ne savons pas non plus en quelle année il est né, comment il a obtenu la particule accolée à son nom, ni où il est enterré ». Les guides-conférencières confirment au passage cet engouement des Québécois et Acadiens pour Brouage : « C’est le premier public étranger, nous en recevons quotidiennement. Tous demandent à voir la maison de Champlain, mais elle n’existe plus ! »
Bernard Lavoie a, lui, profité d’un voyage d’affaires en France pour effectuer un crochet par La Rochelle, et Brouage au printemps dernier. « Je tenais absolument à visiter ce village. C’est très émouvant, beaucoup de Québécois et d’Acadiens ont leurs racines ici et dans la région. » Généalogiste amateur, ce quinquagénaire reconstitue patiemment l’histoire de sa famille depuis quelques années : « Lavoie est un nom de famille très courant au Québec. J’espère bien retrouver le nom et le village de mes ancêtres. S’ils venaient de Brouage, ça serait un joli clin d’œil ! »
La cité fortifiée de Brouage, bâtie selon un plan à damier, était autrefois bordée par l’océan Atlantique. Les 3 000 hectares de marais qui la ceinturent lui ont fait perdre son caractère maritime au fil des siècles. Imaginée pour le négoce de l’or blanc, le sel, avant de devenir une place forte, ce village a compté jusqu’à 4 000 habitants, contre à peine 600 aujourd’hui.
Au XVIe siècle, durant les guerres de religion, la ville fut tour à tour prise par les catholiques et les huguenots. Samuel de Champlain, fondateur de la très catholique Québec en 1608, y serait né. Cette croyance fait l’objet depuis 2012 d’une vive querelle entre historiens, après la découverte d’un certificat de baptême dans un temple de La Rochelle. Selon cette théorie, l’explorateur s’appelait en réalité Chapleau et aurait été protestant.
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