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David Ramault est jugé au tribunal de Douai pour le viol et le meurtre de la petite Angélique en avril 2018. Récidiviste, il encourt la perpétuité.
– La cour d’assises du Nord juge David Ramault jusqu’à vendredi 19 novembre. Il est accusé de l’enlèvement, la séquestration, le viol et le meurtre d’Angélique Six, 13 ans en 2018. Ce matin, le père et la demi-sœur de l’accusé sont venus témoigner.
– Le père d’Angélique a fait un malaise à l’entrée de l’accusé. Il a pu regagner la salle d’audience après être allé respirer dehors. L’une des jurés a été remplacée après un malaise, elle aussi. L’ambiance est glaçante lors de ce procès. L’accusé a reconnu les faits, il parle. La famille d’Angélique a dit qu’elle voulait tout entendre.
– La petite Angélique est déclarée disparue un mercredi d’avril à Wambrechies alors qu’elle est partie jouer au parc. Les enquêteurs remontent à un ancien voisin qui figure sur le fichier des délinquants sexuels, David Ramault, qui avoue dès son arrestation. Le corps de la collégienne est retrouvé à Quesnoy-sur-Deûle, sur ses indications le dimanche.
– David Ramault est jugé en état de récidive légale car il a déjà été condamné en mars 1996, à neuf ans de prison, pour attentat à la pudeur sous la menace d’une arme et viol sur mineure de moins de quinze ans. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
18h30. L’audience est suspendue. Le direct est terminé
L’audience est suspendue. C’est la fin de la première journée du procès de David Ramault.
18h15. « C’est horrible. Je ne le souhaite à personne »
La maman d’Angélique ne voulait pas venir à la barre. La présidente insiste. Sylvie Karas dit doucement : « J’ai quelques questions à vous poser  . » Elle a fait asseoir Corinne Six pour qu’elle parle de sa fille. C’est sans doute le moment le plus douloureux de la journée. La voix pleine de larmes, la maman d’Angélique dit : « Elle me manque énormément. C’est horrible de vivre ça. Je ne le souhaite à personne. »
La présidente anticipe la journée de demain où seront évoqués les faits : « J’envisage de passer des films et des photos. Ce n’est pas parce que vous sortez de la salle que vous ne serez pas une bonne mam an ». Corine Six répond : « Je serai là. »
18h. Anaïs : « Elle m’appelait ‘ma chérie’ »
« Le jour de sa naissance j’ai compris que je ne serais plus seule. On était dans la même chambre. À jouer ensemble et à se chamailler. Anaïs, la grande sœur d’Angélique témoigne à son tour. On ne peut pas dire qu’elle était une jeune fille, c’était encore une enfant. On disait qu’elle ne faisait pas son âge  . Elle aimait faire du vélo et du skate  ». Anaïs était son modèle : « Elle voulait tout faire comme moi. Elle m’appelait ma chérie. »
Angélique était prudente, étroitement surveillée. Une petite fille craintive. Anais : « Si elle l’a suivi c’est qu’il l’a amadouée ».
Au moment de sa disparition, Angélique jouait au parc de l’Agrippin : « Elle devait revenir toutes les heures, rentrait à 17h l’hiver et à 19h l’été ». La présidente fait raconter à Anaïs la disparition d’Angélique. Anais a essayé de l’appeler. Le téléphone ne répond pas. La maman d’Angélique appelle la police qui lui dit de venir le lendemain. La présidente : « On appelle les mamans des copines d’Angélique. personne ne l’a vue. »
Anaïs a une question pour l’accusé : Où sont le téléphone et les vêtements d’Angélique ? » On ne les a jamais retrouvés.
17h45. « Pourquoi il a été attiré par Angélique ? »
Le parrain d’Angélique parle le premier. « Je suis un ami de la famille de longue date  . » Le jeune homme évoque les fêtes d’anniversaire, les Noël, les blagues, les fous rires partagés. « Les fêtes d’école que je n’avais pas le droit de rater. La fierté d’Angélique de danser devant nous. » Angélique était une filleule affectueuse : « Elle était tellement contente quand elle me croisait à La Madeleine. Par moment, il m’arrive encore d’espérer la croiser. J’avais droit à des bisous, des câlins. Je lui avais offert son dernier téléphone. » Le parrain d’Angélique parle du terrible moment où le papa d’Angélique a appris que sa fille avait été retrouvée mort.
Il parle aussi de la conférence de presse du procureur de la République dès l’arrestation de David Ramault : « Un ami m’a dit regarde cette chaîne. On a tout appris et c’était une catastrophe. »
Le parrain doit parfois s’interrompre submergé par l’émotion. David Ramault le regarde fixement. On le dirait assommé de médicaments.
La présidente montre une photo d’Angélique et son parrain qui commente : «  C’était a u Flunch pour ses dix ans. C’était une surprise que j’avais préparée avec sa maman  . »
La présidente lui parle doucement : « J’ai appris qu’Angélique était une petite fille speed, très dynamique. » La réponse apporte quelques rires attendris : « Comme son parrain. »
– « Avec une certaine naïveté ? »
– « Elle avait du retard à l’école. À 13 ans, elle faisait 10 ans. »
La présidente demande au parrain ce qu’il aimerait apprendre de David Ramault. L’homme répond : « Pourquoi il a été attiré par Angélique ? Pourquoi il a fait ça ? »
17h40. L’audience reprend
La présidente demande à entendre les parties civiles.
17h20. L’audience est suspendue dix minutes
17h15. Un sentiment de culpabilité « de n’avoir rien vu »
Sur les écrans de la salle d’audience, la photo du mariage de david Ramault et Laetitia. Il est souriant, mince. Il fait une tête de plus qu’elle. Elle est blottie contre sa poitrine, il la tient par le cou d’un geste protecteur. Le couple est désormais divorcé. David Ramault n’a pas été déchu de ses droits parentaux mais son ex-épouse a demandé la garde exclusive. Pour l’instant, les enfants ne veulent plus voir leur père. « Mais je ne les empêcherai pas. C’est leur décision. » Me Demey demandera à Laetitia si elle est en colère : « Plus maintenant même si le procès ravive ma colère. Sinon c’st de l’indifférence. » Juste avant l’avocat de la défense lui avait demandé : « Vous vous sentez coupable ? » Laetitia répond que oui. « Coupable de quoi ? » « De n’avoir rien vu. »
17h10. « Un tsunami en pleine face »
L’avocate générale interroge l’ex-épouse de David Ramault sur l’ordinateur familial : « Il nous dit qu’il regardait de façon frénétique du porno violent. Vous n’avez jamais rien vu ? » L’ex-épouse répond par la négative.
« Il regardait aussi les faits divers, notamment l’affaire de la petite Maëlys. » Laetitia confirme et rapporte les réactions de son ex-mari qui résonnent aujourd’hui étrangement : « Il disait qu’il fallait tuer ou enfermer ces pervers. » Laetitia a écrit à David Ramault au début de son incarcération : « Nous avions une vie parfaite. Tout cela a été balayé par un tsunami qui m’est arrivé en pleine face. Je suis écœurée, en colère et triste. Tu fais partie de ces pervers et tu me l’as très bien caché ». À la barre, Laetitia confirme qu’elle est allée voir son mari en prison « six ou sept fois ». Notamment pour des raisons administratives (le divorce, le changement de nom de ces enfants). Elle explique aussi : « J’avais besoin de réponses. » « Vous les avez eues ? », demandera la présidente. « Non, il me répondait « Je ne sais pas. »
17h. Une nouvelle nappe et des pizzas
La présidente demande à Laetitia de raconter la journée du 25 avril, le jour où Angélique a été tuée. Elle s’en souvient difficilement, se rappelle une photo d’elle et des enfants qu’elle lui a envoyée et qu’il a commentée. « À ce moment, Angélique n’était plus là », observe la présidente. Le soir, David Ramault a appelé sa femme « C’était à l’heure du film. Il m’a demandé « Tu regardes quoi à la télé ? » Il y a eu un autre échange téléphonique le 26, le matin. « Il m’a dit qu’il n’était pas bien. Qu’il avait une gastro. Il ne pensait pas pouvoir venir nous chercher. »
David Ramault changera finalement d’avis. Elle se souvient qu’à l’arrivée dans la maison. Il y avait une nouvelle nappe et des pizzas sur la table. Laetitia a bu un verre de rosé. « Et David, une bière je crois. » Dans le box, l’accusé secoue la tête. Il avait dit pendant l’enquête qu’il n’avait rien bu.
16h30. « On était allés acheter du carrelage »
Laetitia est ensuite interrogée sur le suicide de Michel le frère cadet : « David en a beaucoup souffert. Il a beaucoup pleuré. » Elle ajoute qu’à cette période, David Ramault s’est mis à boire de façon excessive. « Je le lui reprochais. Il répondait je gère. ».
La présidente : « S’il n’y avait pas eu les faits, vous seriez séparés ? »
« Peut être pas. Il y avait des hauts et des bas et en avril on était plutôt en période haute. » Il y avait un projet de maison : « On était allés acheter du carrelage. »
16h. Questions intimes
Le témoignage de son père lui avait arraché des larmes. David Ramault écoute impassible, son ex-épouse retracer leur vie. Il est surtout question de leur sexualité. Leur relation conjugale s’était dégradée. La présidente explique pourquoi elle pose toutes ces questions intimes : « Le matin des faits, il est allé dans un sex-shop acheter un aphrodisiaque. Est-ce que c’était pour le retour de son épouse comme il l’a affirmé ? » Laetitia affirme que le problème de son mari n’était pas physique. Elle ajoute qu’il était gêné de parler de sa sexualité et qu’elle n’a jamais rien su de ses fantasmes.
15h45. « Il m’a manipulée pendant 18 ans »
C’est au tour de Laëtitia de témoigner. Elle était tout juste majeure quand elle a rencontré David Ramault. Il était plus âgé, avait 27 ans.
À la barre, elle se présente inquiète. Quand son mari a été arrêté, elle a subi des représailles. Elle est menue, blonde avec des cheveux raides coiffés en une queue-de-cheval haute, retenue par un chouchou. Elle est vêtue d’un jean et d’un manteau gris à capuche… Une silhouette un peu adolescente.
Ses premiers mots à la barre seront : « Il m’a manipulée pendant 18 ans ». Elle ne sait pas par où commencer. Alors elle parle d’abord de la disparition d’Angélique. « On l’a appris dans le train. J’étais avec mes enfants, on revenait de vacances. Quand on arrive, en rentrant à la maison, dans la voiture on en parle. David me dit « j’espère qu’ils vont la retrouver vivante ». Laetitia ajoute : « Je lui ai dit, ils vont forcément venir t’interroger. Je savais qu’il était fiché ». Alors quand les policiers viendront, elle ne s’inquiète pas. Elle n’est pas inquiète, non plus, quand elle sait son mari entendu. « La suite, je l’apprendrai le lendemain dans les journaux. J’ai su alors sa véritable identité, son passé et ce qu’il avait fait à cette petite ».
15h30. « Un petit « smack et vous rentrez à la prison »
L’ex-épouse de David Ramault sera entendue dans l’après-midi. En attendant, la présidente Sylvie Karas interroge l’accusé sur leur relation. David Ramault rencontre Laetitia qui deviendra son épouse et la mère de ses enfants par l’intermédiaire de sa cousine qui, à cette époque, est aussi la compagne de son frère décédé depuis. « On est une famille compliquée », commente David Ramault. Le jour de la rencontre, il bénéficiait d’un week-end de permission de sortie, alors incarcéré pour le premier viol.
La présidente : « Donc vous vous faites un petit « smack » et vous rentrez à la prison. Vous lui dites quoi à Laetitia ? » David Ramault laisse penser qu’il lui a menti : « J’ai dit que la fille etait jeune mais consentante. Après je me suis empêtré dans mes mensonges ». La présidente : « Là, je ne vous suis pas. Il ressort des déclarations de votre épouse qu’elle était au courant. »
15h. David Ramault et ses fantasmes
La vie sexuelle de David Ramault est au cœur des débats à la reprise de l’audience. Il s’agit de comprendre son rapport aux femmes, alors qu’il a violé une jeune adolescente pour la deuxième fois. En 1994, date de la première affaire de viol sur mineure, il vivait avec Marie-Laure. La présidente interroge : « Est ce qu’avec Marie Laure, (première compagne de David Ramault), tout fonctionnait bien sexuellement parlant ? » D’une petite voix larmoyante, David Ramault commence par répondre « Oui » puis balbutie qu’il avait « des fantasmes de viol ». La présidente insiste : « Il ressort de son témoignage à l’occasion de la première affaire que vous aviez des difficultés ». David Ramault précise : « Ça fonctionnait avec un certain type de relations sexuelles ». Marie Laure avait évoqué une « attitude de puissance », lui admet « une soumission de la femme ». La présidente revient alors sur la première condamnation : « Pourquoi si ca fonctionne en 94, il y a eu cette première affaire ? ». Il ne repond pas.
La présidente l’interroge sur ses premières relations sexuelles. Comment se prénommait-elle ? « Anne ». Il avait 17 ans. Il raconte : « Je ne m’y attendais pas du tout ; Je me suis laissé faire. » Il raconte aussi Catherine. Il avait 7 ans et elle en avait 14. « Elle voulait que je l’embrasse sur la bouche puis c’est allé plus loin. C’était une agression. »
« Ça vous a perturbé ? » demande la présidente. « Ce qui m’a perturbé, c’est qu’elle dise c’était un secret entre nous ». La présidente n’a pas besoin de le presser. Il dit tout. Cette façon de raconter en détail est plutôt inhabituelle en cour d’assises.
14h45. L’audience reprend avec l’audition de David Ramault.
14h40. « Il attend d’être puni, il attend sa sanction »
« Je pense qu’on ne pourra pas expliquer comment il a pu mettre sous l’entonnoir ces pulsions qu’il avait en lui depuis plus de vingt ans », a pour sa part indiqué l’avocat de la défense, à la suspension d’audience. « Il attend d’être puni, il attend sa sanction » a confié Me Eric Demey aux journalistes.


14h. « C’est très difficile »
« C’est très difficile d’être confronté à David Ramault », a confié l’avocate de la famille d’Angélique à la suspension d’audience. La maman d’Angélique tient le portrait de sa fille sur ses genoux. « C’était très important que le procès s’ouvre avec son visage », appuie Me Audrey Jankielewicz. « Ils ont la force que tout soit dit » durant ce procès, ajoute l’avocate. La famille est prête à tout entendre, « ils ne veulent pas que ça n’arrive encore, que l’on puisse vivre dans un monde où une personne puisse commettre des faits de cette nature ».


13h40. L’audience est suspendue.
L’audience reprendra à 14h45.
13h35. « Ce mot pulsion, je le découvrais »
« Est-ce qu’après sa condamnation, vous avez évoqué avec lui, le fait qu’il avait des pulsions ? » interroge Me Yves Crespin, avocat de l’association L’enfant bleu. Vanessa avait 16 ans à l’époque et répond : « Ce mot pulsion, je le découvrais ». Avant Me Yves Crespin, l’avocate générale avait questionné Vanessa sur le silence familial après la première condamnation. La demi-sœur de David Ramault a dit « je ne peux pas lui pardonner de ne pas avoir pris les devants alors qu’il savait depuis toujours qu’il était malade ». Me Demey lui retournera la question : « Comment être certaine qu’il savait depuis toujours qu’il était malade ? ».
13h25. « La première victime avait le même âge que vous »
L’air s’épaissit encore quand Me Audrey Jankielewicz se lève : « Vous saviez que la première victime avait exactement le même âge que vous aviez à l’époque ? » Vanessa hoche la tête. L’avocate : « Et cela vous fait quoi ? » Réponse : « C’est difficile quand on imagine les actes commis ». L’avocate de la famille d’Angélique Six revient sur le SMS évoqué précédemment par la présidente : « Qu’il envoie ce SMS avec un smiley à votre conjoint le lendemain des faits, vous en pensez quoi ? » Vanessa répond : « Oui, c’est bizarre. »
13h15. « Une deuxième chance »
La présidente demande à Vanessa si, au moment de son mariage, l’épouse de David Ramault était au courant de sa première condamnation. Vanessa répond : « À mon avis, oui. » La présidente reprend : « Vous avez même dit qu’elle était au courant et qu’elle voulait donner une deuxième chance à David. »
La présidente fait ensuite état d’un SMS que David Ramault a envoyé au conjoint de Vanessa où il s’exprime d’un ton badin : « Il signe avec un smiley avec un clin d’œil » La magistrate souligne : « C’était le jeudi à 14h55. Le lendemain des faits ». Puis elle demande : « Quand vous avez appris la disparition d’Angélique vous vous souvenez ce que vous avez dit ? ». Réponse : « Qu’elle ressemblait à ma fille ». La présidente poursuit : « Vous avez pensé à votre frère ? »
– « Non »
La présidente : « À l’époque vous aviez dit oui. Vous aviez précisé  : « J’ai pensé qu’ils allaient l’interroger. » Un silence glaçant passe sur la salle.
12h45. « Sa mère l’a abandonné et ne voulait pas le revoir »
La demi-sœur de David Ramault témoigne à son tour. C’est une jeune femme blonde, qui, dans sa vie professionnelle, s’occupe d’enfants handicapés. Elle s’exprime bien, parle d’une voix douce. Et révèle combien dans cette famille, les non dits pèsent encore lourd.
Elle se révèle incapable de parler spontanément de son frère, dépassée par l’émotion d’être à la barre. Elle sanglote : « Ça fait trois ans que je l’ai pas vu. J’arrive pas à faire le deuil de la personne que j’ai connue, à distinguer le frère, des actes qu’il a commis. » La présidente explique que les témoignages de la famille de David Ramault sont importants pour cerner la personnalité de l’accusé. Elle encourage Vanessa :
– « Comment était -il ? »
– « Quel qu’un de discret, gentil. »
Elle ajoute : C’est vrai qu’il mentait beaucoup. » Elle convient : « De temps en temps, ma mère s’énervait. Elle le mettait au coin ou dans sa chambre. »
– « Et papa ? »
– « Mon père était passif. ».
La présidente : « Pensez-vous qu’au divorce de ses parents, il a mal vécu d’être récupéré par son père et pas par sa mère  ? ».
– « Sa mère l’a abandonné et ne voulait pas le revoir, ça a dû le traumatiser. »
– « Qui disait ça ? »
– « C’est le discours que j’ai toujours entendu dans ma famille. »
La présidente rappelle que David Ramault a repris contact avec sa mère biologique et son frère, à l’âge adulte, quand il est incarcéré après le premier procès. La juge évoque un autre traumatisme : En 2016, David Ramault a découvert son frère pendu.
12h15. « Il n’a manqué de rien »
Le père a bien du mal à parler de son fils. Il se tient sur la défensive. Il répète sans cesse : « Il n’a manqué de rien. Il était heureux. Il avait tout » Il dira à la présidente qui lui demande « Avez-vous une clé pour nous dire ce qui s’est passé ? Pourquoi votre fils est là pour la deuxième fois ? » Le père répond : « C’est dans sa tête à lui. Me mettez pas ça sur le dos ».
– « Depuis qu’il est incarcéré, vous êtes allé le voir ? »
– « Certainement pas ».
« Vous avez quelque chose à lui dire ? »
« Rien. Il a fait mal à tout le monde ».
L’avocate générale Carole Etienne l’interroge sur les attouchements que David Ramault dit avoir subis quand il avait 8 ans. Le père : « Encore un truc que je ne suis pas au courant ». La présidente lui fait remarquer qu’il a été plus précis pendant l’enquête : « Pourquoi votre mémoire vous fait autant défaut ? » L’homme répond juste qu’il dort mal. « À cause du procès ? » « Non j’ai mal au dos ». « Ça vous fait quelque chose de savoir qu’il est en prison ? » « Rien du tout. Il l’a mérité. » Il tend le bras vers le box : « Et ça, j’en veux pas ». Me Demey en défense lui fait remarquer : « Pas un seul instant vous ne parlez de votre fils, de ce qu’il est pour vous ». L’homme ne dira rien d’autre que : « C’était un fils qui devait être comme tous les fils ». L’avocat : « Vous étiez câlin ? » « Ben non, je ne suis pas fort câlin ».
12h. « Elle avait pas le droit de vivre ? »
Le père de David Ramault s’avance à la barre appuyé sur un déambulateur. Il témoignera assis. Il a 78 ans. Le corps est fragile mais la voix est forte. C’est un homme en colère : « Il a fait des conneries. Deux fois. Que voulez-vous que j’y fasse. Rien d’autre ».
La présidente : « C’ est tout ce que vous avez à déclarer spontanément sur votre fils ? »
Le père : « Ça déborde vous comprenez ». Avec sa main, il se barre le front d’un geste qui veut dire « Ras le bol ». Dans le box, David Ramault prend le micro et dit avec des sanglots dans la voix : « Je suis désolé papa. » Le père s’énerve : « Tu as fait deux enfants et tu tues une petite fille derrière ! Elle avait pas le droit de vivre ? » David Ramault pleure un peu plus : « Je suis un monstre ». La présidente coupe la conversation : « Monsieur Ramault, laissez-moi interroger votre père. »
11h45. « Généreux, lâche et clairvoyant »
Pour terminer son entretien, l’enquêtrice avait demandé à David Ramault une qualité : « généreux ». Un défaut : « lâche ». Quand elle l’interroge sur ses projets d’avenir, il lui répond qu’il pense qu’il « est assez clairvoyant », qu’il « ne sortira jamais de l’univers carcéral ». La présidente se fera confirmer par l’enquêtrice : « On peut dire qu’au cours de cette enquête, il s’est livré complètement ».
11h30. Des fantasmes en secret
Les amis interrogés par l’enquêtrice décrivent un « couple fusionnel » avec son épouse et « un père investi ». David Ramault avait pris une année de césure pour s’occuper de ses fils.
Une ancienne petite amie le décrira de son côté comme « un conjoint adorable » avec qui elle avait « des relations sexuelles normales ». Au cours de l’entretien avec l’accusé, l’enquêtrice indiquera qu’il a néanmoins évoqué avec elle «  des fantasmes de viol et de soumission » dont il ne parlait pas. Ses ex-compagnes diront « il était très gêné de parler de sexualité ». David Ramault évoquera spontanément avoir harcelé une collègue de travail qui confirmera.
11h20. « À sa place nulle part »
L’enquêtrice aborde la première incarcération de David Ramault après sa condamnation pour viol en 1996 sans s’y attarder puisqu’elle déroule la carrière professionnelle de l’accusé. Elle rapporte néanmoins comment, à ses proches comme à elle, il a menti sur l’affaire : « Il disait qu’il avait fumé, qu’il avait bu et que c’était des relations consenties avec une très jeune fille ». Professionnellement, avant d’être chauffeur chez Transpole, il aura occupé divers emplois, pompiste ou agent immobilier. Une succession d’emplois… « Son ex-épouse dira à l’enquêtrice : Il changeait souvent. Il ne se sentait à sa place nulle part. »
11h05. Victime de viol ?
David Ramault a indiqué pendant l’enquête, qu’il avait été victime d’attouchements par une adolescente de 14 ans quand lui-même avait 8 ans. À l’enquêtrice de personnalité, il explique qu’il a été violé à Lyon quand il était jeune adulte par un vieil homme qui l’avait hébergé alors qu’il devait dormir dehors. L’enquêtrice souligne à la barre : « Il semble que je sois la première à qui il en parle ».
11h. Une adolescence marquée par des larcins
Après une enfance à Saint-André, le père, la belle-mère, la demi-sœur et David Ramault déménagent à La Madeleine, toujours dans la métropole lilloise. David Ramault commet très souvent des larcins, a une scolarité médiocre. Il n’ira pas au bout de son CAP en cuisine au lycée hôtelier Michel-Servet à Lille.
Lorsqu’il est adolescent, lui-même confie à une amie son sentiment d’être rejeté. Il présente son père « comme un monstre avec qui il ne peut pas discuter ». Les autres membres de la famille diront le contraire. Son père dit de lui qu’il est un bon gamin. La belle-mère décrit un adolescent taciturne « renfermé, peu affectueux défiant l’autorité ». Il rentre dans l’armée en 1990, il la quitte deux ans plus tard, renvoyé parce qu’il a commis des vols.
10h45. Abandonné dans l’enfance
L’enquête de personnalité a pour but de retracer le parcours de vie de l’accusé. L’enquêtrice a rencontré David Ramault à la prison de Sequedin le 20 décembre 2019. Elle souligne d’emblée que la mère biologique de l’accusé a refusé de répondre à ses questions.
Les parents de David Ramault divorcent quand il a trois ans. Il ira vivre avec son père. Sa mère part en emmenant le frère cadet, frère qui se suicidera en 2016. Il une demi-sœur plus jeune de huit ans.
10h35. Un juré remplacé
L’ambiance est lourde, la cinquième jurée n’ira pas plus loin. Elle est remplacée par le premier juré supplémentaire. L’audience reprend avec l’enquêtrice de personnalité.
10h25. « J’ai eu une excitation soudaine pour Angélique »
Le procès commence. David Ramault répondra aux questions. À la première déclaration demandée par la présidente comme il est d’usage dans un procès, l’accusé indique : « J’ai eu une excitation soudaine pour Angélique ». Il raconte sans réticence l’enlèvement et le viol d’Angélique. « Et ensuite ? » lui demande la présidente « Je me suis débarrassé du corps. Je suis parti au hasard comme ça. J’ai caché son corps sous des branches et je suis rentré chez moi.
« Et ensuite ? »
« J’ai vomi tout ce que je pouvais vomir. J’ai nettoyé la scène de crime et j’ai écrit des lettres à ma femme et mes enfants pour expliquer ce que j’avais fait. Je savais que ma conscience allait me trahir. Je savais que j’allais avouer soit à ma femme, soit aux policiers.
« Et ensuite ? »
« Je voulais que leur fille ait une sépulture ».
David Ramault s’exprime d’un minuscule filet de voix, rendu encore plus inaudible par le port du masque. Il s’exprime mécaniquement. L’audience est supendue dix minutes.
La présidente donne le planning du procès
Le procès commencera par l’examen de la personnalité de l’accusé. Pour éclairer l’enquête de personnalité, le père et la demi-sœur de David Ramault seront entendus ce matin. Son ex-épouse témoignera cet après-midi.
La présidente donne le planning du procès. La journée de demain (mercredi) sera consacrée à l’examen des faits avec l’audition des enquêteurs puis des médecins légistes. La cour reviendra sur la personnalité de l’accusé avec les examens psychiatrique et psychologique de l’accusé, jeudi matin.
Un jury paritaire
Trois hommes et trois femmes ont été tirés au sort pour juger David Ramault. Il y a trois jurés supplémentaires (deux hommes et une femme). La cour présidée par Sylvie Karas est aussi composée d’un magistrat et d’une magistrate. Les jurés s’apprêtent à prêter serment. Puis la présidente lira l’ordonnance de mise en accusation. Le père d’Angélique est revenu dans la salle.
9h45. L’audience reprend
Frédéric Six va mieux. Il est sorti prendre l’air. On devine sans peine le poids de son émotion.
9h40. Malaise du papa d’Angélique
L’audience est suspendue. Le papa d’Angélique vient de faire un malaise pendant le tirage au sort des jurés.
9h30. Début du procès.
« Bonjour Monsieur Ramault » dit Sylvie Karas « Nom prénom… ». Dans un souffle, l’accusé précise « Divorcé » sur sa situation personnelle. Il est vêtu d’un pull bleu marine et d’un jean. Il a le teint blafard. Il garde le regard tourné vers la salle puis baisse la tête. Quand il est entré, la maman d’Angélique l’a fixé longuement dans les yeux.
9h20. On attend l’accusé
Le fourgon cellulaire est arrivé. Me Demey vient d’entrer dans la salle d’audience. David Ramault n’est pas encore dans le box des accusés.
9h. Un portrait d’Angélique
La famille d’Angélique vient de s’asseoir au premier rang. Corinne Six, la maman porte sur les genoux une photo d’Angélique. Elle s’est assise entre Frédéric, papa d’Angélique et Anaïs, sa grande sœur. Le parrain d’Angélique s’est aussi constitué partie civile.
8h55. L’appel des jurés
Une greffière fait l’appel des jurés qui, ont pris place en attendant le tirage au sort, sur les bancs du public. L’avocate générale Carole Etienne vient de s’installer. Elle portera l’accusation au nom de la société. Seuls les avocats des associations en partie civile sont là. Me Audrey Jankielewicz qui représente la famille d’Angélique et Me Eric Demey, avocate de la défense pour David Ramault sont avec leurs clients. Le prétoire est envahi par les caméras.
8h50. Le procès doit s’ouvrir à 9h
Prévu pour durer quatre jours, le procès s’ouvre aux assises du Nord à Douai. Le verdict est attendu vendredi. David Ramault encourt la perpétuité pour enlèvement, séquestration, viol et meurtre de mineure de moins de quinze ans.
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