Le 10 mai dernier un incendie ravageait une bonne partie de ce site patrimonial d'exception dont la salle de cinéma et  plusieurs affiches de réclame datant du début du XXe. Trois mois plus tard Nicole Gonzalez, la présidente de l'Office de Tourisme des Aspres, décide de moderniser l'ensemble en proposant une immersion innovante, connectée et accessible à tous, tout en préservant l'âme de "ce lieu de vie intemporel et unique au monde." Visite guidée.
C'est à un tout nouveau et inédit circuit de visite que Nicole Gonzalez, la résiliente et combative présidente de l'Office de tourisme des Aspres (propriétaire des lieux), invite à découvrir.  Le bouche-à-oreille fonctionne bien. En ce début d'après-midi du 19 août, une grosse file d'attente commence à se former au guichet de la billeterie. "Cet été, malgré la fermeture du site pendant un mois, nous avons enregistré 30 % de plus de visiteurs qu'en 2019. Depuis des années ce sont en moyenne 70 000 personnes qui viennent visiter les caves Byrrh" se félicite Nicole Gonzalez.
Un pari pourtant loin d'être gagné. Trois mois et demi après le sinistre qui a ravagé, dans la nuit du 9 au 10 mai dernier, une grande partie des bâtiments, les plaies sont à peine pansées. Par chance le feu a épargné les immenses foudres de chêne et les alcools en bouteille, mais hélas sérieusement endommagé plusieurs affiches de réclame datant du début du XXe siècle parmi la trentaine existante et mise à l'abri. "L'une d'entre elles a entièrement brûlé dans l'incendie ; une autre est à moitié détruite et sans doute peu récupérable ; d'autres encore sont actuellement en restauration" fait savoir Nicole Gonzalez. Mais Dieu merci il n'y a pas eu de pertes humaines" . Une fois le choc et la sidération passés, il a bien fallu réagir. La présidente de l'OT des Aspres a donc réuni son équipe afin de pouvoir "se projeter sur l'avenir" et "faire renaître ce lieu de vie  – le mot est pour moi plus approprié que celui de musée – de ses cendres".  Désireuse de lancer  "une nouveauté qui ait du sens" , elle fait appel aux talents de la société stéphanoise Keroscene pour réaliser "une muséographie moderne, dynamique et connectée en son et lumière". Résultat : depuis  le 1er août le public visite un lieu entièrement repensé, mais à la fois hyperconnecté et empreint d'une histoire familliale, celle des Violet, humaine et sociale très prégnante. 
Ainsi, dans les espaces de visite où planent de subtils effluves d'alcool, on croise des hologrammes de comédiens du théâtre de Thuir en tenue d'époque présentant l'historique de chaque lieu. On traverse l'allée des fûts en chênes sculptés par des jeux de lumières ; une autre cave où s'alignent des foudres regroupant 15 millions de litres. Et l'on tombe soudain sur "la star" monumentale du site :  une cuve contenant 1,2 million de litres. Édifiée dès 1935 sur les directives de Simon Violet, elle fut inaugurée en 1953. On pénètre enfin dans une salle de cinéma reconstituée (l'autre moitié a disparu dans l'incendie) où des affiches numérisées et scénarisées par Keroscene sont projetées en continu sur des écrans géants et des airs de french cancan. Toutes ont la particularité de mettre en relief un détail du dessin "qui n'était pas nécessairement perçu quand les originales, en papier, étaient exposées sur leurs cimaises" fait remarquer la présidente de l'OT des Aspres. Mais bien d'autres surprises attendent les visiteurs…
"Ca fait plus de 3 mois que la route d'accès direct aux caves est fermée. Et la déviation qui la remplace dissuade plus d'un automobiliste, surtout s'il n'est pas du coin, témoigne cette dame, habitante du quartier. Je me mets à leur place et je me demande quand est-ce qu'ils vont à nouveau autoriser cet accès …".
Au bar de l'Etoile, voisin des caves Byrrh, Mathias, un serveur, déplore la baisse de fréquentation touristique "très probablement liée à la fermeture de la route" . Pour appuyer ses propos il désigne sa terrasse, effectivement peu animéeIl dit avoir constaté cet été "une chute nette de la clientèle depuis l'incendie" et craint que "cela ne s'aggrave si la route n'est pas bientôt rouverte à la circulation".
Carine, la vendeuse de la chocolaterie Aux Délices des Aspres, se montre pour sa part plus optimiste."Certes la route est bloquée, mais je vois aussi beaucoup de plaques étrangères au département emprunter l'itinéraire bis et se garer sur le grand parking ombragé pour aller visiter les caves. Et parmi eux certains, en sortant, viennent s'acheter des douceurs à la boutique."
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€n Byrrh-manie n'est-ce tort de barman culturel : pub-licéité…

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