Lire le
journal
Lire le
journal
Se connecter
LES OLIGARQUES UKRAINIENS DU BATAILLON MONACO (1/10). Plus grande fortune d'Ukraine, Rinat Akhmetov est un grand habitué de la Côte d'Azur. C'est lui qui a racheté l'immense villa des Cèdres à Saint-Jean-Cap-Ferrat quelques années après avoir tenté de mettre la main sur… l'OGC Nice!
Énorme Bentley immatriculée en Ukraine sur la place du Casino, méga-yacht battant pavillon ukrainien à Beaulieu-sur-Mer, villa grand luxe et surprotégée à Saint-Jean… Une centaine d’Ukrainiens, réfugiés VIP, ont fui la guerre contre la Russie pour rejoindre la Côte d’Azur.
En dépit de la mobilisation générale de tous les hommes valides de 16 à 60 ans décrétée par Volodymyr Zelensky, ils mènent la grande vie alors que les combats font toujours rage en Ukraine.
Nice-Matin vous raconte l’histoire des oligarques du “bataillon Monaco”, comme le surnomme le FBI ukrainien, qui a ouvert une enquête sur ces exilés VIP. Une série également à retrouver dans notre dossier exclusif.
 
C’est l’homme le plus riche d’Ukraine. Et sans doute l’Ukrainien le plus connu du pays, après Volodymyr Zelensky. Rinat Akhmetov est ce qu’on appelle une tête d’affiche au sein du “bataillon Monaco”, ce groupe de richissimes ukrainiens qui ont fui la guerre pour mener la grande vie entre Nice et la Principauté.
S’il s’est “réfugié” sur la Côte d’Azur, c’est tout sauf une surprise. Le propriétaire de l’usine Azovstal de Marioupol – devenue symbole de la résistance face à l’invasion russe  – connaît plutôt bien le coin.
Nous sommes en 2004, à l’époque de la “révolution orange” en Ukraine. Alors que la place Maïdan réclame (déjà) un rapprochement avec l’Europe et une prise de distance avec la Russie, Akhmetov est pris de panique et choisit l’exil à Monaco. Il est soupçonné d’avoir participé au trucage de l’élection présidentielle par le gouvernement de Viktor Ianoukovytch et par le puissant clan de Donetsk, dont il fait partie. “Après l’arrivée au pouvoir de Viktor Iouchtchenko, les nouveaux dirigeants se sont mis à régler ses comptes avec les russophones. Akhmetov est alors le financier du Parti des Régions, et il se sent, à juste titre, visé. Au point de préférer se mettre au vert en Principauté”, se souvient un fin connaisseur de l’oligarchie ukrainienne. 
Celui qui a fait fortune dans le charbon au début des années 90 trouve refuge dans l’une des plus luxueuses suites de l’hôtel Hermitage. Il y restera deux ans. Et en deux ans, Akhmetov tombera sous le charme de la Côte d’Azur.
Fin 2006, Akhmetov peut quitter l’hôtel Hermitage. Le calme est revenu au pays. Les poursuites lancées contre lui sont abandonnées. Et quelques semaines après son retour, il se fait même élire député de la Rada de l’oblast de Donetsk, sa ville natale. Mais depuis cette région minière, Akhmetov garde un œil sur la Côte d’Azur. Il est tombé amoureux de la région et continue de s’y rendre régulièrement.
Des allers et venues qui le conduiront à chercher un pied à terre chez nous. Et il ne fera pas dans la demi-mesure. Rinat Akhmetov prend le temps et son choix se portera en 2019 sur la villa des Cèdres, à Saint-Jean-Cap-Ferrat. Un bijou.
Construite en 1830 sur un terrain de 18.000 m², elle dispose d’un jardin botanique de 14 hectares et a appartenu notamment au roi des Belges Leopold II. Mais c’est à la société Campari que Rinat Akhmetov va la racheter. Montant de la transaction: 200 millions d’euros. Une somme astronomique, mais celui qui est à ce moment-là à la tête d’une fortune estimée à près de 15 milliards de dollars fait plutôt une bonne affaire. Elle avait été estimée à près d’1 milliard quelques années avant la vente.
La transaction fait grand bruit sur la Côte d’Azur. Mais quelques années avant, c’est une autre tentative de rachat de sa part qui aurait pu faire la une de tous les journaux.
Retour en 2009. Nice-Matin se demande dans ses pages: “L’OGC Nice a-t-il trouvé son Abramovitch?”. C’est le titre du quotidien le 23 octobre, cette année-là. En pleine tambouille après le départ du président Maurice Cohen, le Gym attise les convoitises. Les dossiers d’improbables repreneurs se succèdent, mais au milieu un nom émerge: Rinat Akhmetov. Un avocat niçois est même mandaté pour ficeler une offre. “Il s’intéresse à l’OGC Nice depuis plusieurs années”, confirme un proche du dossier dans nos colonnes. Et cette passion n’est pas le fruit d’une simple lubie. L’Ukrainien est déjà propriétaire du Shakhtar Donetsk, un club qu’il a conduit sur le devant de la scène européenne, avec notamment une victoire en Coupe UEFA. 
“C’est un fou de ballon rond. Il a découvert le Gym pendant son premier exil à Monaco. Il a été charmé par l’histoire du club et son potentiel”, se souvient un intermédiaire dans le dossier. L’article de Nice-Matin de l’époque se termine par: “on devrait en savoir plus d’ici une semaine”. Contactés, Maurice Cohen et Jean-Pierre Rivère disent n’avoir “aucun souvenir” de cet épisode de la grande histoire de l’OGC Nice.
On n’en saura jamais plus. Rinat Akhmetov ne donnera plus de nouvelles et le club sera finalement vendu à Jean-Pierre Rivère. Mais cela illustre les incroyables revirements dont est capable l’oligarque. Une girouette.
Pro-russe en 2004 et proche de Viktor Ianoukovytch, il prend position pour le gouvernement pro-occidental de Kiev, en 2014, lors du début de la guerre du Donbass. Le patron d’Azovstal participe même activement à la défense de Marioupol, appelant les ouvriers de son usine à rejoindre les forces armées pour défendre la ville face aux assauts des pro-russes. 
Changement de cap à nouveau avant le début de la guerre. En novembre 2021, Volodymyr Zelensky l’accuse publiquement de participer au financement d’un coup d’État afin de le renverser. “Ce ne sont pas que des informations en provenance de nos renseignements, c’est également une discussion enregistrée dans laquelle des nationaux ukrainiens discutent avec des agents russes de la participation de Rinat Akhmetov au coup d’État”, précise Zelensky, alors en plein bras de fer avec l’oligarchie du pays. Tous les médias lui collent à nouveau l’étiquette pro-Poutine sur le front. 
Quelques mois plus tard, la Russie envahit pour de bon l’Ukraine. Rinat Akhemetov quitte le pays à bord de son jet privé, pour rejoindre la Côte d’Azur. L’Ukraine souffre, l’Ukraine résiste. Et Rinat Akhmetov retourne à nouveau sa veste. Il se range derrière Zelensky, répondant à l’appel à l’unité du président. Il dénonce publiquement les crimes de guerre commis par l’armée russe, salue les sanctions occidentales, cède son empire médiatique à l’Etat ukrainien, porte plainte contre la Russie devant la Cour européenne des droits de l’homme… et met la main au porte-monnaie.
L’homme d’affaires décide aussi de mettre ses moyens à disposition pour “aider le peuple ukrainien”. “En temps de guerre, mes activités sont concentrées sur le soutien aux gens et à l’armée pour défendre notre souveraineté, notre liberté et notre indépendance”, explique-t-il.
Financement d’aides humanitaires, soutien aux forces armées… selon le Financial Times, il aurait déjà versé à Kiev plus de 100 millions d’euros. “J’attends sincèrement la victoire de l’Ukraine dans cette guerre”, confie-t-il.
En cas de victoire, Rinat Akhmetov s’est d’ores et déjà engagé, toujours depuis Monaco, à reconstruire intégralement Marioupol et à participer au financement de la reconstruction du reste du pays. À moins qu’il ne change encore d’avis? 
“Rhôooooooooo!”
Vous utilisez un AdBlock?! 🙂
Vous pouvez le désactiver juste pour ce site parce que la pub permet à la presse de vivre.
Et nous, on s’engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.

source

Catégorisé: