« Je ne savais plus que je pouvais être aussi bien dans mon corps. » Une phrase que Camille Dhélin, spécialiste en shiatsu, n’oubliera pas. Le Luzien de 31 ans a récolté cette appréciation d’une lycéenne de la Cité scolaire Maurice-Ravel, après une séance de cette massothérapie curative et préventive japonaise, inspirée de la médecine traditionnelle chinoise, utilisant notamment les méridiens.
Durant l’année scolaire 2021-2022, l’ancien élève, pendant quatre ans, de l’école de Shiatsu de Nouvelle-Aquitaine de Violette Melendezà Lahonce, a pratiqué le Koho shiatsu avec les lycéens. Un art consistant à exercer…
Durant l’année scolaire 2021-2022, l’ancien élève, pendant quatre ans, de l’école de Shiatsu de Nouvelle-Aquitaine de Violette Melendez à Lahonce, a pratiqué le Koho shiatsu avec les lycéens. Un art consistant à exercer des pressions des doigts, sur les zones du corps, au moyen du tenugui, ce tissu de coton fin, afin de ramener l’équilibre dans l’ensemble du corps et de favoriser la santé.
« Je souhaite me mettre au service de tous, mais les jeunes ont beaucoup souffert pendant la période du Covid », constate le praticien, aussi féru de méditation, de Qi Gong et de Kung-Fu Saolim. « Les sollicitations et les sources de stress sont nombreuses. On est de moins en moins attentif à notre corps. Je n’ai pas trouvé de meilleur moyen que le shiatsu pour aider les lycéens. »
L’équipe pédagogique et encadrante du lycée Maurice-Ravel a pensé cet accompagnement en collaboration avec la Mission de lutte contre le décrochage scolaire et dans le cadre d’un programme baptisé « Percer Vers ». Après avoir identifié, selon des critères objectifs, 25 élèves susceptibles d’en bénéficier, les séances de shiatsu leur ont été proposées, sur le principe du volontariat.
Les élèves suivis par Camille Dhélin sont ou étaient affectés par des troubles parfois mineurs, mais signes d’une santé en danger, indique le praticien. Troubles d’ordre physique ou psychologique, concourant à un mal-être altérant l’attention, la concentration, les résultats scolaires, voire la vie tout entière. Ainsi, cette élève souffrant d’agoraphobie, qui ne sortait pas dans la cour de récréation avec ses camarades, et qui a pu reprendre une vie « normale » au sein de l’établissement, après quelques séances.
Les troubles de l’attention, de la concentration, facteurs du « décrochage scolaire », sont souvent la conséquence de maux divers, qu’ils soient d’ordre physique (digestif, respiratoire, rhumatologique, ORL) et psychologique (stress, anorexie, angoisse, agoraphobie, dépression).
Les séances de 30 min durant lesquelles Camille Dhélin ne représentait, pour ces jeunes adultes, ni un enseignant qui attend un résultat, ni un psychologue qui attend une parole, ont permis d’établir une relation de confiance.
Stress majoritairement, crises d’angoisse, anorexie, dépendance aux substances psychoactives, dépression, ont été parmi les maux identifiés et ayant fait l’objet d’un suivi. Les troubles physiques susceptibles d’être soulagés par le Koho shiatsu sont de divers ordres : respiratoire, digestif, gynécologique, ORL, etc. Camille Dhélin se souvient notamment de ce jeune homme qui « a repris conscience de son corps » après quelques séances de 30 minutes. « Cela lui a donné envie d’entamer un régime, il a perdu 10 kilos. »
Camille Dhélin a aussi réalisé des séances avec un jeune homme qui avait abandonné la pratique du sport et pris du poids. « Le shiatsu lui a permis de reprendre conscience de son corps et d’en prendre soin, puis de se remettre au skate. Dans une époque propice à la cassure entre le corps et la psyché, le spécialiste de Koho shiatsu a rappelé aux lycéens la nécessaire connexion avec leur corps et avec la nature. Je leur ai demandé depuis combien de temps ils n’étaient pas allés en forêt. Nous sommes la nature. »
L’équipe encadrante et enseignante du lycée Maurice-Ravel s’est investie dans cette initiative unique. Des initiations au shiatsu ont été menées dans d’autres établissements en France, mais les séances luziennes ont fait l’objet d’un suivi quantitatif et qualitatif inédit.
Taux de participation et résultats observés, nombre de séances par élève, résultats par type de symptômes psychiques et physiques, impact sur le bien-être et l’investissement personnel et les résultats scolaires ont été répertoriés par le praticien.
Les 120 séances de 30 minutes à 40 minutes de shiatsu, selon les besoins de l’élève, ont été financées par la cité scolaire Maurice-Ravel. Pour que l’action soit reconduite, durant deux années supplémentaires, afin d’en tirer des conclusions plus larges, une demande de subvention a été faite auprès de la Région Nouvelle-Aquitaine. Si elle est validée, l’action pourrait reprendre en janvier.

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