Son cri de douleur fut insoutenable. Comme l’image de sa chute. Ce 27 janvier, Valentin Giraud-Moine, les deux genoux disloqués, va s’écraser contre les filets, au bord de la piste de Garmisch (Allemagne). Voilà le descendeur — une caste à part — violemment ramené à la fragilité de sa condition. Celle d’un athlète qui peut passer, comme lui, en six jours, du bonheur presque absolu d’un premier podium (2 e ) à Kitzbühel, «le temple», à la crainte de perdre l’usage de ses jambes. A 25 ans, le Haut-Alpin rêvait de médaille en descente aux Mondiaux. Elle aura lieu samedi à Saint-Moritz (Suisse), sans lui évidemment. Avant de subir une seconde opération ce matin à Lyon, Valentin a accepté de donner de ses nouvelles. Des mots forts sur un sport extrême. Et cruel, si cruel.

Comment allez-vous ?
VALENTIN GIRAUD-MOINE. Mieux, merci. Les douleurs se sont calmées. Au début, c’était violent, mes nuits ont été dures.

Le moral ?
Très bon.

Comment avez-vous vécu ce passage de la joie à la souffrance ?
Mal. Mais c’est le jeu de mon sport. La piste la plus difficile sur le papier m’avait réussi, une autre, plus abordable, me coûte très cher.

Garmisch n’a pas la réputation de Kitzbühel, mais les conditions y étaient compliquées…
Il n’y a aucune descente facile. Et ce jour-là, la météo et l’horaire du départ qui amenuisait la visibilité l’ont rendue compliquée.

Vous avez beaucoup souffert ?
Oui. Les minutes, notamment quand j’étais héliporté, m’ont paru des heures jusqu’à ce qu’on me sédate. Quand je me suis réveillé, j’ai surtout apprécié le petit bonus du diagnostic : les artères et les nerfs ne sont pas sectionnés, je vais pouvoir remarcher !

Et re-skier ?
On envisagera ça dans un second temps. J’ai les deux genoux très abîmés, les médecins ne peuvent rien planifier. On ne sait même pas quand je pourrai poser un pied au sol. Mais je pense à reprendre la compétition un jour, bien sûr ! J’étais dans une forme exceptionnelle, tous les espoirs m’étaient permis, j’avais l’impression que rien ne pouvait m’arriver.

Etiez-vous euphorique, trop confiant?
Je ne pense pas. Après mon podium à Kitzbühel, j’ai subi le contrecoup des émotions, j’avais un gros coup de fatigue physique et mental. Mais je me sentais bien sur les skis et cette chute, sur un secteur sans difficultés, est dure à analyser…

Votre discipline n’est-elle pas trop risquée ?
Sur le papier, on accepte tous ces risques, on sait très bien qu’on met son intégrité physique en jeu. Mais une fois qu’on a perdu la mise, ça fait très mal…

Vous ne regrettez pas d’avoir choisi ce sport ?
Je n’ai aucun regret. Je sais que c’est dangereux, mais j’aime le ski. Et spécialement la vitesse. La descente me procure un plaisir incomparable. J’ai envie de le retrouver.

Et de retrouver l’équipe de France. On dit que vous formez une confrérie…
C’est vrai et ma chute le prouve. J’ai reçu énormément de messages de soutien, de la part des copains du groupe vitesse, bien sûr, mais aussi de tous les athlètes, de tous les pays. C’est vraiment réconfortant. Les gars savent que ce qui m’est arrivé peut leur arriver aussi. Que les conséquences d’une telle chute peuvent être graves. Un accident de ce genre leur parle intérieurement.

Vous regardez les Mondiaux?
Oui, j’ai une télé dans ma chambre, ça fait passer le temps. Et plutôt agréablement. En super-G (hier), le podium est assez incroyable et très joli. Ils sont impressionnants ces Canadiens (Guay vainqueur et Osborne-Paradis 3e) et ces Norvégiens (Jansrud médaillé d’argent et Kilde 4e)! Je les félicite!»
* Ses deux genoux sont tellement abîmés (les ligaments croisés, le ligament interne, le plateau tibial notamment sont touchés) qu’il a choisi de faire appel à une banque de tissus (allogreffes) pour ses opérations et avoir une chance de re-skier.
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