Publié le 11/07/2020 à 16h07
Gilles Lalloz
Mise en service en 1889, la ligne ferroviaire qui mène au Mont-Dore va-t-elle voir son exploitation suspendue à la fin de cette année 2020 ?
C’est en tout cas la menace qui pèse sur la ligne Volvic – Le Mont-Dore, comme cela a été annoncé, ce vendredi après-midi à la préfecture du Puy-de-Dôme, lors d’une réunion à laquelle étaient notamment présents, autour de la préfète, le directeur régional de SNCF Réseau Thomas Allary, le nouveau maire du Mont-Dore Sébastien Dubourg , Yvon Bouchet le directeur de la société des Sources du Mont-Dore en Auvergne, et le sénateur Jean-Marc Boyer, également conseiller départemental du canton d’Orcines. 
C’est aussi ce qu’explique un document de SNCF Réseau, daté de ce 10 juillet. Dans ce document de six pages, que La Montagne s’est procuré,  il est notamment précisé que des travaux (complémentaires à ceux qui avaient été réalisés dans le cadre d’un financement « plan rail Etat – Région ») sont  nécessaires « car la ligne présente des risques de sécurité urgents ».
La ligne de fret Volvic – Le Mont-Dore menacée : “Pas là pour fermer mais pour trouver des solutions” assure le directeur régional de SNCF Réseau
SNCF réseau distingue trois niveaux de priorités :
– 400.000 euros de travaux en 2020 pour les voies et la signalisation
– 900.000 euros de travaux en 2021 toujours pour les voies et la signalisation
– un programme de remise en état étalé sur dix ans
A l’issue de cette présentation, la conclusion est claire :
A défaut d’investissements pour résorber ces risques, l’exploitation de la ligne sera suspendue fin 2020 pour des raisons de sécurité. A défaut de prise en charge de la maintenance, l’exploitation de la ligne ne pourra plus être assurée par SNCF Réseau au-delà de 2020.
Cette ligne est, dans le jargon de la SNCF, un « capillaire fret ». Car, depuis l’arrêt du TER fin 2015, il n’y a plus de train de voyageurs qui emprunte cette voie (dont la configuration actuelle date de 1963).
Cette petite ligne (55 kilomètres rythmés par de nombreux ouvrages d’art dont 23 ponts-rail dont un viaduc de 125 mètres et deux tunnels) compte un industriel branché à son extrémité, la société Sources du Mont-Dore en Auvergne (SMDA), qui appartient au groupe Sources Alma, dont les responsables ont assisté à la réunion en préfecture vendredi.
L’usine d’embouteillage avait bénéficié, il y a quelque vingt-cinq ans, de travaux pour avoir un embranchement direct sur la ligne SNCF.

D’après le document de la SNCF, l’usine exporte actuellement 60 % de sa production en camion et 40 % en train. Sur une ligne où SNCF Réseau engrange 23.000 euros de recette par an, mais dont les charges de maintenance s’élève à 1,2 million d’euros.
Clermont – Le Mont Dore en car : “Comment voulez-vous maintenir des trains si personne ne les prend ?”
Déjà, en 2016, quelques mois après l’arrêt du transport de voyageurs entre Clermont -Ferrand et le Mont-Dore par le rail, la SMDA émettait des craintes sur l’avenir du transport de sa production par le train.
« Nous avons des inquiétudes, confiait alors le responsable du site. Nous sommes les seuls à l’utiliser et nous craignons une surtaxe pour continuer. À minima, il faudrait un train toutes les 72 heures, donc passer à trois trains par semaine. »
Or, actuellement, c’est un train de 28 wagons par semaine qui chemine par cette voie Le Mont-Dore – Volvic.
Photo Rémi Dugne
 
En 2016, la SNCF voulait se montrer rassurante en déclarant : 
« On va tout faire pour maintenir la liaison fret dans de bonnes conditions, parce que l’on sait qu’elle est primordiale pour les Eaux du Mont-Dore. » Et la SNCF avait garanti un avenir à la ligne jusqu’en… 2020.
La question s’est posée dès 2016 : Est-il l’heure du dernier train à destination du Mont-Dore ?
Quatre ans plus tard, la SNCF fait planer une menace de fin d’exploitation de la ligne qui fait bondir le conseiller départemental et sénateur Jean-Marc Boyer (LR), déjà en première ligne cette semaine pour défendre la liaison aérienne entre Clermont et Orly.
« Aujourd’hui, RFF Réseau veut fermer la ligne et envoyer 35 camions  par jour sur les routes et les villages : Scandaleux ! », a lancé le sénateur
 
Il y a 25 ans j avais convaincu la société des eaux du Mont Dore, la SNCF et le conseil general de réaliser un embranchement au rail :50%des palettes d eau en train ! Aujourd’hui,RFFréseau veut fermer la ligne et envoyer35camions /jour sur les routes et les villages : SCANDALEUX!
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Jean-Marc Boyer est aussi l’ancien maire de Laqueuille (de 1989 à 2017), où passe cette ligne ferroviaire et où se trouve une autre usine d’embouteillage, celle d’Aquamark. « Je me rappelle qu’Aquamark avait voulu faire un embranchement sur cette ligne. Ils avaient préparé le terrassement… mais les tarifs de la SNCF était alors 30 % plus cher… »
L’Auvergne, cet Eldorado des eaux naturelles
Du coup, c’est par la route que toute la production quitte cette usine. « Mais vu sa situation, ils sont tout de suite sur l’autoroute .» Seulement 7 km pour rejoindre l’échangeur de l’A89 de Saint-Julien-Puy-Lavèze… ce qui n’est pas le cas pour la société du Mont-Dore. « Cela peut faire 35 camions supplémentaires qui traversent Murat-le-Quaire et Laqueuille. Vous vous rendez compte ! », lance Jean-Pierre Boyer.
Côté chiffres, SNCF Réseau avance son calcul : « Actuellement, il y a 35 camions par jour et un train par semaine. Si ce train disparaissait, ça rajouterait une quarantaine de camions sur la route par semaine, pas par jour », explique Thomas Allary. Et le directeur régional de SNCF Réseau d’ajouter aussitôt : « Fermer la ligne, c’est la solution extrême. Et s’il y a eu une réunion en préfecture, c’est pour éviter ça, c’est pour rechercher des financements auprès des collectivités. »  
Pour relier le Mont Dore à l’autoroute A89, les camions doivent notamment traverser des villages du massif du Sancy.
 
En 2016, la CGT s’interrogeait :
« La suppression des aiguillages de la gare de la Bourboule et la circulation des trains de voyageurs ne permettent plus de douter de la volonté de la SNCF de fermer définitivement la ligne. Seuls circulent les trains fret à destination de la société des Eaux du Mont-Dore : pour combien de temps encore ? »
Aujourd’hui, cette question n’a pas encore de réponse. Car Thomas Allary se veut confiant. « Parmi les douze lignes capillaires fret qui ont la même problématique dans la région Auvergne Rhône-Alpes, celle du Mont-Dore est devenue la plus urgente à traiter. J’ai clairement dit lors de la réunion que, même s’il y a urgence, nous allons faire des efforts. Nous allons essayer d’obtenir des dérogations en ce qui concerne les travaux qui ont un coup de 900.000 euros, et si on trouve le financement de 400.000 euros, SNCF Réseau s’engage à assurer pour 1,2 million d’euro de maintenance l’an prochain. Cela nous permettrait de repousser l’échéance à 2021. Ce qui permettrait d’être moins dans l’urgence pour trouver des solutions. »
160 millions de bouteilles produites par an au Mont-Dore

La société Sources du Mont-Dore en Auvergne (SMDA) appartient au groupe Alma, numéro 1 français des eaux dans l’Hexagone. Parmi ses trente marques figurent, notamment, Cristaline, Saint-Yorre, Vals, Courmayeur, Rozana, Chateldon, Vichy Célestins, Mont-Dore…
Dans cet univers, l’eau Mont-Dore, captée à la source dite de La Montille ou source du Grand Barbier, à plus de 1.200 mètres d’altitude au cœur du massif du Sancy, fait figure de toute jeune avec des premières bouteilles commercialisées en 1989.
L’usine d’embouteillage sur le site de Genestoux au Mont-Dore.
A deux kilomètres du centre du Mont-Dore, l’usine d’embouteillage est implantée sur dix hectares sur le site du Genestoux (modernisée au début des années 2000).
La société Sources du Mont-Dore en Auvergne, dirigée par Yvon Bouchet, compte aujourd’hui 42 salariés et produit 160 millions de bouteilles par an. Un petit peu sous l’étiquette « Mont-Dore » et beaucoup pour des marques distributrices destinées aux grandes surfaces.
La société a d’abord été propriété du groupe Danone. C’est à cette époque, au milieu des années 90, qu’un embranchement à la ligne SNCF Volvic – Le Mont-Dore avait été financé par le groupe propriétaire, le conseil général du Puy-de-Dôme et la SNCF. Avec, pour fêter l’événement, un titre dans la presse : « L’eau du Mont-Dore sur de bons rails ».
En 1998, l’eau du Mont-Dore, dont une des particularités est d’être une eau de source faiblement minéralisée, est passée sous le pavillon du groupe Alma (via sa filiale Neptune). Sous sa dénomination « Sources Alma », ce groupe détient une quarantaine d’usines en Europe.
Gilles Lalloz
20 commentaires
Chemins de traverse a posté le 18 août 2020 à 21h20
Allez y fermer la ligne ferroviaire à l’usine du Genestoux ( SMDA ), mais ne venez pas pleurer quand des dizaines de camions viendront défoncer les routes que le contribuable payent.
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John Deere a posté le 26 juillet 2020 à 22h00
@Marie Econome Vous portez bien mal votre pseudo, car même deux loco fumantes – comme vous dites – remorquant 950 tonnes entre Le Mont-Dore et Volvic consomment et polluent beaucoup moins que l’ensemble des camions, même neufs, qui feraient le même travail par la route !!! Pourquoi ? essentiellement parce qu’une roue en acier ne se déforme pas en roulant, alors qu’un pneumatique (même un Michelin)… Vous postez à tort et à travers mais ne semblez rien connaître aux sujets abordés. Dommage.
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Didier Chateau a posté le 17 juillet 2020 à 12h21
On supprime le transport des marchandises par le rail, et on le transfert à la route. Dans le même temps, on infeste nos paysage d’éolienne dont l’étiquette “écologique” est une imposture. Cherchez l’erreur ?
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Didier Chateau a posté le 17 juillet 2020 à 12h19
– En 2012 que l’antenne de Laqueuille au mont-Dore a été l’objet de travaux principalement axés sur les signalisation, ainsi que quelque RVB ponctuels. – En 2015 suppression des aiguillages de la gare de la Bourboule, il n’y avait déjà plus qu’un seul A/R Clermont – le Mont-Dore. – Novembre 2015, transfert tu trafic voyageurs sur la route. – Avril 2016, fermeture officielle de la ligne. Ce train de Fret de la SMDA est l’unique survivance de la défunte transversale de Clermont à Bordeaux via Ussel, Tulle et Brive. RIP.
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Chemins de traverse a posté le 13 juillet 2020 à 09h09
@ Cidou Heureusement qu’il y a des personnes comme vous qui ont plein de bons sens, car souvent je désespère en lisant certains commentaires.
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cydou a posté le 12 juillet 2020 à 15h55
Tient une nouveauté , un défilé de Semi-remorque journalier entraîne moins de pollutions que deux trains de Marchandise journalier ..avec évidemment les ralentissements et autres bouchons et accidents que cela peut entraîner…en pleines Saisons..?
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Chemins de traverse a posté le 12 juillet 2020 à 13h08
Certains qui se reconnaitront disent n’importe quoi. Beau résultat du phénomène GJ
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Michael a posté le 12 juillet 2020 à 10h19
c’est la que l’on se rencontre qu’un semi remorque est rentable plutôt qu’une ligne SNCF a bout de souffle qui se rentabilisera jamais
Didier Chateau a répondu le 21 mai 2021 à 11h24 Avec retard, je me permets cette rectification : à l’époque (2014) L’État, RFF et la Région Limousin étaient d’accord pour co-financer la remise en état de la voie en Eygurande Laqueuille. Il ne manquait que l’accord de la Région Auvergne, qui par la voix de son président, monsieur Souchon, a opposé une fin de non recevoir.
Luc LALLEMAND a répondu le 12 juillet 2020 à 12h10 Sont responsables: Les Régions Auvergne et Limousin qui du temps du plan Rail Auvergne n’ont pas su se mettre d’accord pour la rénovation de Laqueille – Eygurande… La préfecture et la mairie de Laqueuille qui ont autorisé Aquamark à s’installer sans contrepartie de faire du ferroviaire… du coup SMDA est le seul à emprunter aujourd’hui cette ligne! SNCF qui laisse pourrir la situation… bien trop contente de supprimer des lignes, des postes d’agents circulations, de conducteurs, de contrôleurs et qui ferme ainsi les gares… mais propose des bus à la place!
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aigle pecheur a posté le 11 juillet 2020 à 21h58
plus de 40 camions/jour produits par la source du Mont Dore plus combien par la source de Laqueuille ….. toute cette eau qui ne va plus dans les sols alimenter rivières, ruisseaux, zones humides et autres sources. Ce n’est pas étonnant que certains villages de notre belle région manquent d’eau en été . Notre nature est pillée par de grands groupes, nos sources par les captages, nos paysages par les éoliennes.
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Chemins de traverse a posté le 11 juillet 2020 à 21h10
Tout a été dit ou presque sur ce sujet toutefois je voudrai rectifier des inexactitudes . La ligne a été remise à neuf ou presque entre Volvic et Laqueuille gare il y a quelques années. C’est surtout la volonté de la SNCF une fois de plus de détruire le réseau avant la libéralisation complète du rail. Au cas où un privé voudrait remettre du train de voyageurs ou de fret sur cette ligne il vaut mieux la détruire dès maintenant. C’est pitoyable !!!
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Marie Econome a posté le 11 juillet 2020 à 20h52
A la réflexion, entretenir une voie pour un seul train par semaine, ça fait cher le transport par pack d’eau transporté! Si en plus, les wagons sont tirés par une vieille loco diesel bien fumante comme la grande majorité des trains de marchandises du coin, c’est pas plus écolo qu’un camion moderne…
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pat631 a posté le 11 juillet 2020 à 20h46
le mieux , c’est que la voie entre Laqueuille et Clermont a été refaite…!
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cydou a posté le 11 juillet 2020 à 18h58
Concernant le Fret pour le transport des Eaux du Mont-dore..que Si..! Abandon ce confirme va remettre sur les petites routes de la vallée d’accès au Stations du Sancy. environs comme autrefois une centaines de semi-remorque allez retour ..Jours ..avec tout les risques accidentogéne et pollutions que cela va entraîner…J’espère que tout les Maires Concernés vont s’entendre..pour éviter cela..? le nouveau maire de Murat-le-Quaire. étant.très bien au courant de la Situation à tout les niveaux
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bleurp a posté le 11 juillet 2020 à 18h39
su-per… il est sympa le nouveau monde….
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vidocq04 a posté le 11 juillet 2020 à 18h23
Que font les écologistes a part nous piquer du fric ou nous faire chier sur la pollution de nos véhicules. Les bateaux de croisière, les poids lourds qui polluent massivement ils ne s’en occupent pas ces escrocs de la politique.
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Mimi03 a posté le 11 juillet 2020 à 18h08
On ne peut pas employer des gens qui font grève tout les 4 matins et entretenir les voies
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patrick a posté le 11 juillet 2020 à 16h29
que fait notre nouvelle ministre du développement durable ? 35 camions de plus bonjour la pollution….
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BleuPomme a posté le 11 juillet 2020 à 16h25
Transition écologique, développement durable, monde d’après… foutaises ! La politique d’aménagement du territoire est morte depuis des années au profit des méga-régions, des métropoles, des lignes internationales et du transport au moindre coût avec un main d’oeuvre étrangère. Écœurant…
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