l’essentiel En ces temps anciens la notion de patrimoine n’avait pas le même sens que tous nous lui donnons aujourd’hui. Sinon, la ville aurait conservé ses 7 portes et ses fortifications. Retour sur l’histoire de cette enceinte perdue.
La bastide fondée en 1264, conserve de son ancienne enceinte deux portes surmontées de hautes tours carrées garnies de mâchicoulis et coiffées de toitures à quatre pans, les tours de Pujols et de Paris (autrefois porte de Monflanquin). Chacune de ces portes, qui devaient être défendues par des ouvrages avancés, forme un passage voûté au-dessus duquel s’élèvent deux étages couronnés par un chemin de ronde crénelé. Chaque étage présente une salle éclairée du côté de la ville par une baie géminée. Un escalier en bois devait permettre de monter du premier au second étage qui accède au chemin de ronde par un escalier en pierre aménagé dans l’un des angles de la tour, et dont la partie supérieure émerge au-dessus de la toiture et servait de guet. La charpente, portée par des piliers en briques, prolonge son chevronnage sur le parapet crénelé. L’élévation des tours, construite en briques et pierres, est postérieure à la partie inférieure formant le passage de la porte.
La tour de Paris, qui a pris cette dénomination au XIXe siècle parce que située sur la route de Paris à Barèges, a été bâtie à la fin du XIVe siècle, avec les fortifications. Elle est équipée d’une horloge provenant de l’église Sainte-Catherine en 1828, remplacée en 1845 par une grande horloge de la fabrique Loubatière frères et Lafont, à Agen. Un projet de réservoir ou château d’eau est proposé par J. Comte, conducteur des Ponts et Chaussées, en 1872 (non exécuté). Elle reçoit une nouvelle horloge, par Bouvier, horloger à Agen, en 1886. Classée au titre des Monuments historiques en 1901, elle est restaurée par H. Rapine, architecte des Monuments historiques, en 1908 : réfection de la couverture et du campanile. La tour de Pujols a été bâtie à la fin du XIVe siècle, avec les fortifications. Elle est dotée d’une grande horloge vers 1845 et classée elle aussi en 1901. Malheureusement les deux bâtiments historiques de la ville ne se visitent pas… S’il ne reste que deux tours et plus rien des fortifications, à l’exception de quelques pans de murs dans les caves de plusieurs bâtiments, il existait à l’origine 7 tours, tel qu’en témoigne un plan des origines de la bastide dressé en 1871.
L’idée des fortifications date des premiers temps de la bastide. Alphonse de Poitiers qui est à l’origine de la ville neuve des bords du Lot fit édifier une enceinte en 1259 dont on ne trouve pas de traces écrites et qui devaient être construite en terre et en bois. Selon Fernand De Mazet, ces tours antérieures auraient servi d’appuis pour permettre la réfection des fortifications par Jean de Bourbon dans le 4e quart du XIVe siècle. Alors la ville, close de murs et de fossés, possède des tours, et ouvre par 7 portes de ville (portes de Casseneuil, de Monflanquin ou Paris et de Penne rive droite, d’Agen, de Pujols, du Pont-Saligné ou de Bordeaux et Saint-Etienne rive gauche). Le pont lui-même fortifié était inclus dans le système défensif. Les fortifications sont réparées sous la direction du capitaine Des Peyroux dans le 3e quart du XVIe siècle. La ville a résisté aux sièges de 1585 par Marguerite de Navarre qui prend le quartier Saint-Etienne, mais échoue devant la rive droite. En 1652, le comte d’Harcourt saccage les environs, mais ne prend pas la ville dont les défenses ont été renforcées de demi-lunes et d’éperons en terre. Les fossés sont comblés et plantés d’ormes en 1751. La tour de Puy-Merle (sud-est) est démolie en 1783, à la suite d’une crue. Le dessin des murs d’enceinte par Illac en 1792 montre des remparts peu entretenus et ponctuellement interrompus par des façades de maisons. Les tours de Paris et Pujols, protégées au titre des monuments historiques, sont restaurées au début du XXe siècle.
Historien local et amoureux de sa ville, Fernand de Mazet raconte ces fortifications dans un de ses nombreux écrits. "Les fortifications consistaient en un mur d’enceinte de 10 mètres de haut et de 2 mètres d’épaisseur, plongeant ses assises dans des fossés larges et profonds. Il était bâti en pierres de moyen appareil depuis sa base jusqu’à 2 mètres au-dessus des bords du fossé, et en briques jusqu’aux créneaux. Les portes, surmontées de hautes tours, avaient aussi leurs assises en pierres de moyen appareil jusqu’à la hauteur des remparts, et les hauteurs étaient construites en briques épaisses jusqu’aux mâchicoulis de leur faîte. L’eau des fossés était alimentée, à droite de la porte de Pujols par le ruisseau de Lies, à gauche par celui de Ribas, qui se déversaient dans le Lot par deux ravins, à chaque extrémité du mur d’enceinte. Sur la rive droite, les fossés étaient remplis d’eau, à l’est par un ruisseau venant d’Eysses et de Jolibeau et s’écoulant dans le ravin situé en face du moulin de Gajac ; au nord, par le ruisseau de la Roudal (rue Bernard Palissy) venant également d’Eysses ; et à l’ouest par le ruisseau de la Rantine qui faisait tourner qui faisait tourner un petit moulin au-dessus du ravin de la porte de Casseneuil ». On trouvait, en rive gauche : la porte d’Agen, la poterne de la rue Deltreil, la porte de Pujols, la porte du pont Saligné ou porte de Bordeaux, la porte Saint-Étienne. L’enceinte en rive gauche avait une longueur de 1020 mètres. En rive droite, à partir de l’aval, on rencontrait la porte de Casseneuil, la poterne de la rue du Puits-Couleau, la porte de Monflanquin (actuelle porte de Paris), par la poterne de la rue Labay (rue de la Fraternité) et celle de la rue d’Albert, puis la porte de Penne avant de se terminer à l’amont sur un bastion appelé la Tourrette. L’enceinte en rive droite mesurait 960 mètres."
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