Ces Assises seront-elles une tribune pour les marins pêcheurs ?
Exactement, pour y faire remonter notre mécontentement, notamment sur le projet de parc éolien en mer d’Oléron où l’État est passé d’un projet initial de 120 km², à 300 km², puis 750 km², sans concertation. Au terme du débat public, il a conclu que le parc devait se situer au-delà des limites posées pour le débat, plus au large. Il s’agit de fait d’un nouveau projet qui doit donc faire l’objet d’un nouveau débat public…
Exactement, pour y faire remonter notre mécontentement, notamment sur le projet de parc éolien en mer d’Oléron où l’État est passé d’un projet initial de 120 km², à 300 km², puis 750 km², sans concertation. Au terme du débat public, il a conclu que le parc devait se situer au-delà des limites posées pour le débat, plus au large. Il s’agit de fait d’un nouveau projet qui doit donc faire l’objet d’un nouveau débat public. Mais, comme il y a désormais une zone identifiée, on pourrait y recenser l’activité de tel et tel bateau et mieux évaluer les enjeux pour la profession. Cela dit, le risque de pollution provoqué par les éoliennes est toujours présent, comme le risque de s’y voir interdire notre activité. Un éloignement à 60 milles pourrait correspondre à nos attentes, mais pas entre 20 et 30 milles comme c’est prévu.
Le projet éolien d’Oléron est-il l’unique source de mécontentement ?
Il y en a d’autres. L’hiver dernier, le quota de pêche de la sole a été réduit de 37 % dans le golfe de Gascogne. Des compensations ont été mises en place, des promesses formulées. Mais ces compensations financières ne sont toujours pas versées. Les versements devaient intervenir en juin, puis mi-septembre, mais nous n’avons toujours rien.
Autre sujet : le prix du gazole. Cela met en péril toute la filière. Des gars à bord gagnaient 3 500 euros par mois. Avec le doublement du prix du carburant, donc des charges du bateau, les salaires sont diminués de moitié. Donc, les gars ne vont plus en mer. Et comme sur les petits côtiers les patrons ne peuvent pas sortir seuls sans matelot, les navires restent au quai. À quoi s’ajoute pour les armateurs la contrainte du salaire minimum : une fois les charges du navire payées, si le salaire du matelot n’atteint pas 1 200 euros, c’est à l’armateur de payer de sa poche le complément.
On peut aussi parler de la dégradation de la qualité des eaux ; des perturbateurs endocriniens ; de la méthode de calcul des quotas qui ne tient compte que des débarquements et pas de la réalité de la biomasse présente en mer ; de la civelle que l’on a jamais vue aussi abondante ces dernières années et dont certains épuisent leur quota de pêche en une semaine. Les études ne sont pas faites, des efforts nous sont demandés, mais les causes ne sont pas traitées. Par contre on nous serre la vis… Ce n’est pas aux pêcheurs de payer la facture.
La hausse des cours du poisson permet-elle de compenser l’augmentation du prix du gazole ?
Dans le contexte actuel, les entreprises de pêche n’ont pas de visibilité. Pour les chalutiers, les aides gazole de l’État sont reconductibles jusqu’à la fin octobre, après, on ne sait pas. Pour la sole, on parle de zones de fermeture, de contingentements, de zones d’exclusion. Il faut aussi s’attendre à ce que nous ne puissions pas pêcher dans les parcs éoliens et qui sait, demain, des zones interdites à cause des dauphins. Si ces zones côtières nous sont interdites, comment allons-nous faire ? Nos bateaux sont anciens et ne peuvent aller pêcher plus au large. Quand tu compiles tout ça, c’est bien la destruction programmée de la pêche française qui est lancée. Or, il faut que les gens aient à l’esprit que les emplois de la filière, les marins, les poissonniers, les mécaniciens, etc., font vivre le tissu économique.
Vous auriez 20 ans aujourd’hui, vous engageriez-vous dans le métier ?
Ça ne risque pas ! Il m’a été demandé d’assurer la promotion des métiers de la mer auprès des jeunes. En l’état actuel des choses, je ne peux pas faire ça, je ne veux pas raconter de mensonge et faire croire que les salaires sont intéressants.
Se pose dans le golfe de Gascogne le problème de la mortalité de dauphins, des captures accidentelles. Que pensez-vous de la situation ?
Ce que j’exprime ici est ma vision personnelle, pas celle du Comité régional des pêches qui a demandé une analyse juridique en vue d’attaquer le laboratoire Pelagis (NDLR, qui recense et autopsie les dauphins échoués). Ras le bol de l’intoxication. Ils sélectionnent des dauphins ramassés sur les plages puis mis au frigo et en autopsient trois pour incriminer la pêche. Il y a du parti pris dans la démarche. En vingt ans, le nombre de bateaux -et donc l’effort de pêche- a diminué de moitié et on nous dit qu’il y aurait augmentation des captures de dauphins ? Et comment se fait-il que ces dauphins ne sont pêchés que l’hiver et pas tout au long de l’année ? Je pense que les bateaux de pêche minotière appauvrissent les eaux du large et poussent ainsi les dauphins à se rapprocher de la côte pour se nourrir.

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