Plusieurs bateaux se sont abîmés sur la proue de ce bateau, coulé en 1979, après une tempête. La signalisation montrée du doigt, l’imprudence des plaisanciers mise en avant.
Le Mimosa est un cargo grec d’environ 80 m qui s’est échoué à la suite d’une tempête, le 18 janvier 1979, devant la plage de Vendres à environ 500 m du rivage. Ce bateau s’est brisé en deux et la proue, émergeant, est restée très proche de la surface. Bien qu’elle ait été en partie découpée, elle est devenue, non pas un danger, mais un obstacle pour la navigation de surface. En quelques mois, plusieurs embarcations sont venues s’y poser, malgré son signalement par une bouée Cardinale, qui indique la présence de l’épave. En ce début d’été, c’est un voilier qui est venu déchirer sa coque sur le Mimosa. Des bateaux d’une école de voile se sont abîmés dessus il y a quelques mois, un bateau à moteur a coulé sur place, nécessitant l’intervention des secours pour sauver ses quatre passagers.
Du coup, des plaisanciers tirent le signal d’alarme. Dans les années 80, un mat de 8 m dépassait de l’eau. Il a été remplacé par une bouée Cardinale Est qu’il convient de contourner. “La signalisation est-elle suffisante ? Ne faut-il pas intervenir pour découper tout ce qu’il reste de la proue, qui affleure la surface par mer très calme, et ainsi terminer les travaux entrepris pas le passé ?”, demandent certains adeptes de la navigation en mer.
Peut-être bien ! Mais il faut aussi se rappeler que l’entreprise du Finistère venue découper le navire n’a pas terminé son chantier. Pour une raison inconnue, les arasements prévus à 5 m sous le niveau de l’eau n’ont pas été faits. La barge équipée d’une grue, et qui ramenait les morceaux du bateau découpé au chalumeau, a coulé et s’est posée à côté de l’épave du Mimosa.
L’ensemble a sombré lors des travaux de récupération sans que l’on sache pourquoi. Deux flotteurs cylindriques, destinés à renflouer cette barge, ont chaviré eux aussi, et sont restés au fond de l’eau. Mais les années ont passé et le petit monde des marins valrassiens s’est habitué à la présence du bateau grec qui avait tant fait parler de lui.
Des années plus tard, une enquête de la délégation Mer et littoral (ex-Affaires-maritimes), dépendant de l’État, a été ouverte pour comprendre la recrudescence des accidents sur ce périmètre. Tout le monde veut comprendre si l’épave, en elle-même, constitue un risque ou bien si les accidents incombent seulement aux plaisanciers, qui ne sont pas assez attentifs aux signalisations.
“C’est l’endroit où la Tramontane peut souffler, d’un coup, très fort en descendant. Quand on rentre dans la zone entre le Mimosa et la tour de Valras, il faut s’attendre à des rotations de vent brusques et inattendues”, insiste un vieil habitué du coin. Et de poursuivre : “Il y a une Cardinale Est pour signaler le danger et en passant à l’Est de cette bouée, comme l’indique sa fonction, il ne peut rien arriver. Ce n’est pas la peine d’avoir peur, l’épave ne bouge pas. Si certains viennent se poser dessus, c’est bien par manque d’attention. Sinon, ils peuvent aussi reprendre leur cours pour identifier les balises. Ça évite d’avoir des ennuis quand on connaît le code.” Pour les habitués donc, la bouée joue son rôle. Ce sont peut-être les plaisanciers qui ne sont pas du secteur qui se font alors plus souvent prendre au piège. C’est à voir.
De leurs côtés, les amateurs de plongée et de chasse sous-marine craignent que ce spot ne soit mis en danger, si on venait à fouiller sous l’eau pour découper quoi que ce soit.
En effet, depuis le naufrage, le bâtiment a joué le rôle d’un récif artificiel. Il a fixé une importante vie sous-marine. “On y voit des sars, des loups, des rougets. L’épave a été colonisée par les moules, et des gorgones sont venues se fixer sur place”, explique un chasseur d’images sous-marines. “Cette épave est facile d’accès, il y a peu de risques, on arrive à y faire de bonnes prises de vue, même si parfois l’eau y est trouble. En plus, en une heure, les passionnés d’épaves peuvent en faire le tour. Sans compter sur la barge qui a été coulée juste à côté quand le navire a été découpé et qui constitue elle aussi un beau refuge pour la vie sous marine. La toucher serait à mon sens dommage pour cette faune qui s’y est installée”, assure Anthony, un Biterrois qui vient souvent à Valras s’adonner à sa passion.
“La cardinale est fixée au mât de charge de l’épave. Elle n’est pas forcément très visible quand on monte au soleil, mais tout est signalé sur l’ensemble des cartes existantes, insiste Patrick Toustou, le président Hérault-Gard de la SNSM. Il faut que les plaisanciers soient plus attentifs, car elle est très visible quand on s’approche et là, il est souvent trop tard pour réagir. Par vent du nord, elle affleure, si on n’a pas été attentif, on tape sur la proue et là cela peut aller très très vite. Encore une fois, en mer, il faut être vigilant. On n’est pas dans une baignoire où rien ne bouge ou ne dépasse.”
En matière de navigation la logique est simple. Quand un danger est signalé par une bouée cardinale, toujours de couleurs noire et jaune – pour le Mimosa Cardinale Est – il ne faut pas se poser mille questions. On passe à l’Est, le danger est à l’Ouest. Pour la repérer la nuit, quand elle est éclairée rien de plus simple, elle a trois scintillements groupés. Le jour, on peut écrire un E avec le dessin des cônes.