Pas d’apocalypse en vue mais tout de même de sérieux problèmes. Énerg’ence, l’agence locale de l’énergie et du climat, a réalisé une étude courant 2018, afin d’anticiper les conséquences locales du réchauffement climatique. C’est à l’échelle du pays que les élus ont décidé de traiter cet épineux sujet. La loi de transition énergétique les oblige à mener une politique d’adaptation.
Énerg’ence utilise des outils, entre autres, de l’Ademe (agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) et deux scénarios du Giec (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) régionalisés à la Bretagne, pour déterminer si le Pays de Brest est soumis à des risques ou pas. Le scénario optimiste du Giec voudrait que les Hommes prennent soudain des mesures réellement importantes pour lutter contre le réchauffement climatique et celui, plus pessimiste (qui a dit réaliste ?), anticipe une continuité. Les conséquences pour 2100 seraient bien différentes mais à l’horizon 2035, c’est-à-dire demain, très peu : le processus engagé ne saurait être atténué aussi vite.
On note déjà l’arrivée de chenilles processionnaires, le moustique tigre pourrait venir un jour, transportant des maladies. Et il y a des données scientifiques. « En prenant celles du centre de météo de Guipavas depuis les années 50, on s’aperçoit que les températures montent plus vite qu’avant. En moyenne, depuis 1990, la hausse est d’un degré supérieure par rapport à la période 60-90. La température moyenne était de 11 °C entre 1976 et 2005, elle devrait être de 12 °C en 2035 et il est envisagé 12 à 14 °C entre 2070 et 2100 », explique Audrey Cousquer, chargée de mission d’Énerg’ence. « Les vagues de chaleur pourraient durer sept à huit jours au lieu de trois aujourd’hui ». Et puis il y a le niveau de l’océan. « Le marégraphe de la Penfeld montre aussi une accélération. De 1711 à 1900, il est monté de cinq à dix centimètres, tandis que de 1900 à 2017, c’est 20 à 25 cm ».
Et les risques peuvent être anticipés. Celui de submersion marine par exemple. La côte nord, vers Guissény, Kerlouan devrait en subir, le secteur de Crozon-Morgat et Camaret également. Gare aux habitants trop près de l’eau. « Quant au port de commerce de Brest, il est déjà très vulnérable. Il y a beaucoup d’activités commerciales, le réseau d’assainissement (le syndicat des eaux a déjà constaté des évolutions), et la zone Seveso… » La solution ? Le repli. Selon Audrey Cousquer, surtout pour les activités Seveso (comportant un risque d’accident majeur), il doit être envisagé d’ici à vingt ans.
La pénurie sédimentaire pourrait frapper la côte nord, là où il y a des dunes : les tempêtes pourraient emporter davantage de sable. Les crues et inondations devraient se développer. « Il y a un enjeu sur la population, le réseau d’assainissement là aussi, et donc la pollution, les commerces inondés… Il y a aussi le risque d’une augmentation du ruissellement car les épisodes pluvieux seront plus courts et plus forts, avec des sols de plus en plus imperméables ». L’avenir est à la rénovation de l’habitat plutôt qu’à la construction et à l’étalement urbain. Elle note que Brest a déjà commencé des travaux de bassins de rétention au-dessus de Kerinou, à Kertatupage.
La chaleur elle-même est à prendre en considération. Les risques de feux de landes, dans la Presqu’île de Crozon et à Plougastel, devraient s’accroître. « Et on a constaté, lors d’une étude en juillet dernier, l’existence d’îlots de chaleur, dans les zones commerciales de Brest. À Kergaradec, par exemple, le bitume au sol ou sur les toits des magasins, montait à 35 voire 37 °C. Ce qui pousse à utiliser des climatiseurs, d’autant qu’il n’y a pas de végétation, donc d’îlots de fraîcheur », poursuit Audrey Cousquer.
Le niveau des rivières, l’été, devrait continuer à baisser, rendant problématique l’approvisionnement en eau dans cette région sans nappe. Or, le tourisme devrait continuer à se développer, les gens fuyant des régions devenues trop chaudes : la consommation d’eau estivale devrait donc bien augmenter en Bretagne.
Trêve de catastrophisme : la prise de conscience actuelle, les premières mesures décidées permettent de garder, tout de même, un peu d’espoir que la région s’en sorte sans trop de dommages…
Un atelier citoyen plan climat jeudi
Un atelier citoyen plan climat se déroulera ce jeudi soir, place de la Liberté, sous un chapiteau, dans le cadre de la semaine étudiante du développement durable, auquel le public est invité à participer. La métropole révise son plan datant de 2012. C’est une étape du processus qui finira devant les conseils municipal et de métropole.
Plusieurs thèmes sont sortis des premiers échanges publics (ateliers acteurs du territoire en juillet et lors du village Climat Déclic de décembre) comme faisant partie des grandes priorités de la transition énergétique sur le territoire. Trois d’entre eux seront au programme jeudi : les mobilités, la consommation (déchets et alimentation), la communication et la sensibilisation sur les bons gestes et comportements à adopter.
Avant les ateliers, Energ’ence, l’agence locale de l’énergie et du climat, présentera la synthèse d’une étude réalisée l’an dernier sur la vulnérabilité du territoire de Brest métropole face au changement climatique.
Souvenez-vous des ” Mardis du Climat” fin 2015 initiés par AE2D

Jacques Pérennès
“Trêve de catastrophisme : la prise de conscience actuelle, les premières mesures décidées permettent de garder, tout de même, un peu d’espoir que la région s’en sorte sans trop de dommages…” yaka!

“Jamais, quand c’est la vie elle-même qui s’en va, on n’a autant parlé de civilisation et de culture”. Antonin Artaud

http://archivesautonomies.org/spip.php?article2746 Et voilà le travail!!

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