Trois mois de disette sans Grand Prix gagné, une première victoire en 150 courses pour son pilote espagnol Carlos Sainz, mais surtout un beau psychodrame en interne. Ferrari a passé un week-end très paradoxal dimanche 3 juillet à Silverstone (Grande-Bretagne), mais l’écurie italienne ne peut s’en prendre qu’à elle-même, et surtout au management de sa tête d’affiche Charles Leclerc, seulement quatrième d’une course qu’il dominait encore à dix tours de la fin et alors qu’il avait tout pour la remporter.
Résumé de l’imbroglio : victime d’un problème de pompe à essence, le Français Esteban Ocon (Alpine) est contraint d’abandonner dans le 39e tour. La voiture de sécurité rentre en piste et, dans la foulée, la plupart des concurrents filent aux stands pour enfiler de nouveaux pneumatiques tendres. Leclerc lui, reste en piste, quand ses plus proches poursuivants, Sainz, Sergio Perez (Red Bull) et Lewis Hamilton (Mercedes) s’équipent de ces gommes plus rapides.
« On pensait qu’il n’y aurait pas la marge pour arrêter les deux donc il fallait faire un choix, justifie Mattia Binotto, boss de la Scuderia, au micro de Canal +. On a laissé dehors Charles parce qu’il était en tête, il avait les pneus les plus frais parmi les deux et en plus Carlos, derrière, pouvait essayer de le protéger dans les deux premiers virages. »
Lorsque la voiture de sécurité s’écarte à la fin du 42e tour (sur 52), Leclerc n’est plus qu’un leader en sursis. Son partenaire espagnol saute vite sur l’occasion pour le doubler, puis le Monégasque tente, avec énormément de brio et toutes ses astuces de pilote, de résister aux assauts de Perez et de Hamilton, survolté à domicile. En vain. Le Monégasque finit par craquer et se retrouve éjecté du podium au 48e tour. Il devra même lutter jusqu’au bout du Grand Prix de Grande-Bretagne pour préserver cette quatrième place face aux tentatives de dépassement de Fernando Alonso (Alpine), lui aussi plus rapide.
Vous ne verrez rien de plus beau aujourd’hui : la bataille épique entre Leclerc, Perez, Hamilton puis Alonso vue d’hélicoptère avec les commentaires de @Julien_FEBREAU 😍🚁#BritishGP | ▶️ https://t.co/t7uFs3yVeh pic.twitter.com/lhVkfZ4asW
« C’est délicat… Je ne sais pas qui a pris cette décision, mais ça lui a évidemment coûté la victoire », juge le champion du monde 2009 Jenson Button, consultant de la chaîne Sky Sports. « Mais pourquoi sacrifiez-vous Leclerc ? », s’indigne l’éditorialiste de la Gazzetta dello Sport, Gianluca Gasparini, remonté contre « une décision discutable ». « Comme à Monaco, Charles a été victime des circonstances et des décisions du mur des stands. »
En principauté, où Charles Leclerc court toujours après le rêve de remporter son Grand Prix dans les rues de son enfance, Ferrari avait trop tardé à changer les pneus de son pilote dans une course disputée sur une piste détrempée. Parti en pole position, il avait là aussi terminé quatrième. « Je n’ai pas les mots, pas les mots, avait lâché le prodige de 24 ans dans sa radio à l’issue du Grand Prix. Aïe, aïe, aïe. La saison est longue, mais on ne peut pas faire ça. »
Encore victime de la stratégie de l’écurie italienne, Charles Leclerc sort ainsi de son week-end britannique avec « seulement » douze points, ne reprenant que six unités au leader du Championnat du monde Max Verstappen, septième dimanche et qui le devance de 43 points. Conscient du mal-être et de l’agacement de son pilote, Mattia Binotto a filé le voir sitôt sorti de sa monoplace. L’image du patron de Ferrari, tentant d’expliquer le choix stratégique à un Leclerc crispé, a largement été commentée sur les réseaux sociaux.
« Moi, on m’a demandé de rester en piste, donc c’est ce que j’ai fait », est ensuite venu expliquer le Monégasque, mâchoire fermée, à la caméra de Canal +, avant de tourner les talons sitôt l’interview finie. La déception immédiate est ensuite passée, et Leclerc et Binotto ont ensuite échangé, de manière plus détendue selon L’Équipe, avant la photo collective pour immortaliser le succès de Sainz.
« Bravo Carlos d’avoir réalisé un rêve d’enfance, tu le mérites mon pote, a écrit, ce dimanche dans la soirée, le malheureux du jour. Pour ma part, je suis incroyablement déçu. La voiture a été endommagée dès le premier tour (après un accrochage avec Perez), mais nous volions. De belles bagarres sur la piste, mais je ne pouvais pas faire grand-chose de plus avec de vieux pneus en fin de course. »
Charles Leclerc n’aura pas longtemps à attendre pour se relancer, puisque le prochain Grand Prix, en Autriche, est programmé dès dimanche 10 juillet. On y guettera les choix stratégiques de Ferrari, dont la voiture a lâché le Monégasque à Barcelone, puis en Azerbaïdjan. Quand ce ne sont pas les hommes, c’est la mécanique qui vient lâcher le prétendant au titre mondial.
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