Les escrocs passaient par Le bon coin. Le tribunal correctionnel de Pontoise juge depuis ce lundi et jusqu’à vendredi, une vaste escroquerie à la voiture, commise via le site Internet de vente entre particuliers. Le cerveau de l’équipe, son associé principal mais aussi les faussaires qui établissaient les faux papiers et une armée de jeunes femmes qui allaient au contact avec les victimes et savaient les tranquilliser, sont jugés pour avoir escroqué plus de 120 personnes, les vendeurs et les acheteurs des 71 véhicules répertoriés, vendus en moyenne autour de 10 000 â?¬. Ils encourent dix ans de prison.Son mode opératoire était très au point. Henriqué D., 28 ans, d’Aulnay-sous-Bois, associé à son copain d’enfance de la cité, repère les véhicules en vente sur le site. Il cible le milieu de gamme, « les voitures qui intéressent tout le monde ». Qu’importe les lieux de vente : Oyonnax, Nantes, Castres, Chambéry, l’Ile-de-Franceâ?¦ le vendeur est contacté et rendez-vous est pris près d’une gare. Mais le patron du trafic ne va jamais au contact, prétexte un empêchement et dépêche une de celles que l’enquête désigne comme les mules, qui se présente comme son épouse. Elles sont une dizaine à opérer pour gagner autour de 500 â?¬. Dans leur enveloppe, elles trouvent aussi les fausses cartes d’identités, les faux chèques de banque assortis des attestations bancaires.La vente se déroule toujours lorsque les agences bancaires sont fermées, pour rendre impossible toute vérification sur l’instant des chèques de banque. Dès le retour en voiture effectué, le véhicule est aussitôt mis en vente sur Le bon coin. L’escroquerie est à double détente : après le vendeur qui perd son bien, c’est l’acheteur qui est à son tour piégé par une jeune femme qui lui laisse entre les mains une voiture volée, après avoir empoché les espèces.L’enquête des gendarmes de la brigade de recherche de Montmorency a débuté en juillet 2013 après la plainte d’un particulier du Tarn qui vend sa Golf et la retrouve à vendre sur le net et visible au Thillay. Leur enquête allait montrer que les escrocs ont enchaîné les opérations pendant un an, sous la direction d’Henriqué, déjà condamné 9 fois, en récidive légale.A l’audience il ne conteste pas les faits, se prévalant de son statut de cerveau et d’initiateur. Il jongle avec les téléphones, forme ses complices, donne les consignes pour éviter les caméras ou apposer les stickers sur les plaques pour changer le département d’origine de la voiture. Il fixe les prix, 30 % sous l’argus, ajoutant des rayures pour justifier le coût et rendre la voiture attractive.« C’est moi qui m’occupe de l’escroquerie, récupère l’argent, distribue la part à chacun », explique-t-il, précisant travailler avec trois faussaires. Il surnomme une complice DRH pour son rôle dans le recrutement des jeunes femmes. « J’avais besoin d’argent. Juste pour le train de vie. Je me faisais plaisir, des sorties, des voyages. » « Pour 90 000 â?¬ ? C’est dispendieux » estime la présidente, pour qui les gains « dépassent plutôt 120 00 â?¬. » « Je n’en suis pas fier », concède-t-il, ne reconnaissant que 30 véhicules et un gain de 90 000 â?¬.Yanis, victime : « je me suis fait avoir comme un bleu »
Pontoise, ce lundi. Fausses cartes d’identités, faux chèques de banque, fausses attestations bancairesâ?¦ Les escrocs se donnaient les moyens pour piéger leurs victimes. (LP/Fr. N.) Ils ont sympathisé à l’occasion de la procédure judiciaire. Jimmy, de Seine-et-Marne, et Yanis, des Hauts-de-Seine, ont été tous les deux victimes de l’escroquerie, via le Bon coin. Le premier pour avoir acheté une Peugeot 308 volée, le second pour avoir vendu sa BMW contre un faux chèque de banque.« Quelque part, je les félicite. C’était Nickel. » Jimmy reconnaît que les escrocs étaient au point. « Je cherchais un véhicule pour ma femme. Je trouve la 308 sur le Bon coin le samedi. Elle a l’air propre. Elle vaut 7 000 â?¬, je peux l’acheter pour 5 500 â?¬. Le vendeur se désiste au dernier moment et m’indique que sa femme viendra. Le certificat de non-gage est propre, la carte d’identité est bien au nom de la femme du vendeur, j’ai la photocopie de celle de son mariâ?¦ Cela semblait vraiment être sa voiture. Elle était très à l’aise au volant. La vente se fait un dimanche. Je me rends à la sous-préfecture de Torcy dès le lundi matin où l’on m’apprend que le véhicule est volé. Là, je tombe de haut. Maintenant, si j’achète une voiture, je vais au domicile du vendeur ! ».« Franchement, on ne suspecte rien », poursuit Yanis, qui a vendu sa BMW série 1. « Je me suis fait avoir comme un bleu. L’acheteuse, qui avait une vingtaine d’années, ne tremblait pas. Elle était rodée, très sympa. Il y avait l’attestation de la banque. Je ne l’ai pas regardé de près. J’ai fait confiance. A la banque, le samedi matin, on me dit que le chèque est faux. 10 900 â?¬ ! Cela fait mal à la tête. Je suis allé très vite en préfecture ou j’ai pu établir une nouvelle carte grise. Ils n’ont pas eu le temps de revendre la voiture que je n’ai retrouvé que cet été, un an plus tard, abandonnée près de Roissy. La mauvaise herbe poussait dans le tiroir à CD. Je n’ai rien pu toucher de l’assurance qui ne prend pas en compte l’escroquerie. Par contre, elle a augmenté ma prime de 15 % ».Fr. N.
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