Véritable touche-à-tout inspiré par l’objet mécanique à l’abandon, le Cévenol insuffle une seconde vie, sublimée, à une matière porteuse de mémoire.
Semblant jouer le perce-muraille du nouveau local de la chocolaterie alésienne Cannarozzo, l’estaffette Renault à l’air de se réjouir de sa résurrection. Au volant de cette seconde vie, un Ardennais devenu Cévenol, Mickaël Denneval, dont la réponse à l’interrogation d’Alphonse de Lamartine ("Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ?") est sans équivoque : oui.
Mais il s’agit bien souvent pour l’artisan d’une âme asphyxiée par des ronces, dévorée par la rouille, corrodée par l’eau stagnante au cœur de ses entrailles, immobilisée par les affres du temps…
Passionné de mécanique, diplômé en carrosserie, à cet instant une rencontre s’installe en entre le quinquagénaire et l’objet dont la perte de locomotion frappe au cœur de l’artisan devenu artiste.
"C’est en découvrant l’objet que, soudain, l’idée de sa transformation se met en route, confie le montagnard installé sur les hauteurs de Chamborigaud. Il y a à la fois le sentiment du dévouement total de cette chose et l’abandon dans lequel elle se trouve. Je me sens alors concerné par le fait de ne pas oublier la mémoire et le fait de donner une seconde vie."
On ne peut pas laisser mourir un tel fleuron de la mécanique anglaise
À l’image de cette Jaguar Daimler récemment sauvée de l’oubli depuis le jardin d’un habitant du Rieu à Alès. Sa destination prochaine : vraisemblablement un bureau.
"On ne peut pas laisser mourir un tel fleuron de la mécanique anglaise", justifie Mickaël Denneval qui, "contre un billet", a enlevé l’Anglaise défigurée afin de la déposer dans son "antre". Un double garage dans lequel elle rejoint le sommeil d’un Ford transit MK1 de 1975, le six cylindres de la Jaguar sorti de sa caisse, une seconde Estafette, une Juva 4 ou encore une 4 L fraîchement restaurée sur lequel le dernier fils, Tanguy, a commencé à faire ses gammes.
Si l’objet force donc à l’attachement, la démarche de restauration de Mickaël Denneval explore aussi la question de la paternité. "En condamnant à l’oubli un objet, on perd également la mémoire de celui qui a façonné l’objet et de celui qui l’a acquis pour lui donner vie."
L’argent est un serviteur mais il ne faut pas en devenir l’esclave
Au quotidien, Mickaël Denneval partage son espace de vie avec des objets chargés d’une histoire passée.
Un vieux vélo à trois vitesses et aux feux en fer blanc devient support d’un plateau en bois de salle de bain. Des éléments de casiers d’usine forment le mobilier de cuisine tandis que d’anciens bidons réaménagés en éléments de rangement sur roulettes trônent dans un coin du séjour…
Par la fenêtre, ce matin-là, le soleil frappe et éclaire les engagements d’un artiste-artisan autodidacte. Un travail à l’image du Phénix dont la difficulté à donner un prix illustre la valeur de l’engagement. "L’argent est un serviteur mais il ne faut pas en devenir l’esclave", assène Mickaël Denneval.
Un homme dont les origines ardennaises ont littéralement fusionné dans ce pays cévenol découvert à l’âge de 7 ans. "Par leur rudesse et leur cœur, les Cévennes m’ont fait, avance l’artisan. Je leur suis redevable car se sont elles qui m’ont nourri et ont nourri mes enfants."
En tournant son café, l’homme dresse un parcours de vie, tissé lui aussi de résurrection. Carrossier, sapeur-pompier, chevrier, formateur en lycée agricole puis… artiste. Mickaël Denneval n’a jamais porté d’autre conclusion à ce parcours riche et atypique. "Quand j’aime, c’est corps et âme." Alphonse de Lamartine n’aurait pas mieux conclu.
C’est à Alès que Mickaël Denneval souhaite prochainement poser ses valises. Une ville dans laquelle le Chamborigaudois souhaite concrétiser son projet de garage participatif baptisé "Seconde vie".
"Mais un garage avec un état d’esprit, avertit le Cévenol. Le but ce sera la conception de véhicules atypiques. Et si un bar est indispensable, ce sera pour partager les connaissances et sans alcool bien sûr…"
ll le dit en riant mais le sérieux de ses réalisations, la qualité des peintures et de la restauration de carrosserie de ses créations ne laisse aucun doute sur la pertinence du projet qui devrait séduire un large public.
Et alimenter de généreuses discussions puisque le garçon a aussi vécu le haut niveau en apportant ses compétences au pilote François Delecour, dit "freine tard", lors d’une saison en rallye.
Dans le prolongement de ce projet de garage, Mickaël Denneval souhaite également partager sa passion de la mécanique avec un garage au féminin. "Je suis pour l’égalité à tout point de vue" revendique l’artisan.
En présentation chez le chocolatier Alfonso Cannarozzo, au 9, rue Edgard-Quinet à Alès, l’estafette Renault est à la vente au prix de 3 200 €. Mickaël Denneval travaille également à la commande. ( 06 99 19 63 06.)
510 €
ALES 4 place des Martyrs de la Résistance Nous vous proposons un Grand 3 Pi[…]J’ai déjà un compte
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Il y a des occupations plus lucratives comme par exemple construire des lotissements et des zones commerciales à la place de terrains agricoles inutiles.
Wareb
Il n'a pas tort.
Sauf que depuis la 2eme moitié du 18eme siècle, l'humanité a multiplié le nombre de ses objets dans une proportion vertigineuse.
Vu qu'on est passé de moins de 1 milliard de bipèdes à 7 milliards, ce n'est pas près de se calmer.
Va-t-on conserver tous les modèles de téléphone portable ?
Non, bien sûr, l'important c'est le concept, un seul téléphone, un seul ordinateur, une seule voiture suffisent à caractériser une époque et son histoire.
Alors, sans portée universaliste hors de propos, bravo de conserver en état ces bagnoles, et de les présenter les WE dans des réunions bon enfant d'amateurs sans prétention !