La première journée du procès de David Ramault devant les assises du Nord a été largement consacrée à la personnalité de l’accusé. Un homme aux deux visages selon les témoignages de son père, sa demi-sœur et son ex-femme.
Il s’est avancé, difficilement, jusqu’à la barre. Bernard Ramault, 78 ans, est le père de l’accusé. Il n’a plus eu de contacts avec son fils depuis son incarcération, trois jours après le meurtre d’Angélique. Une fois son identité déclinée, la présidente l’invite à parler de David. “Il est allé à l’armée. Puis il a fait des conneries, une fois, deux fois. Qu’est-ce que vous voulez que j’y fasse ? C’est pas bien ce qu’il a fait. Surtout tuer une petite fille. (Il se tourne vers son fils). Ça, ça passe pas”. 
Deux fois, car David Ramault a déjà été condamné par la même cour d’assises en 1996 à 9 ans de prison sans aucune obligation de soins pour trois agressions sexuelles sous la menace d’un couteau et le viol d’une autre enfant de 13 ans. Des faits qui ont été commis sur une quinzaine de jours entre décembre 1993 et janvier 1994. Ramault avait à peine vingt ans.
David Ramault est né à Lille le 7 avril 1973. Ainé d’une fratrie de deux enfants, il est abandonné par sa mère biologique à l’âge de deux ans et est séparé de son frère Michel. David va être élevé par son père et sa belle-mère. Un abandon dira-t-il, qui le fait souffrir à l’adolescence. 
Durant son enfance, “il ne manque de rien sur le plan matériel”, explique l’enquêtrice de personnalité. Mais il déplore un manque d’affection par rapport à sa demi-sœur Vanessa et dit souffrir du rejet de sa famille. Âgé de 8 ans, il commence à voler pour “se faire remarquer”. Quelques années plus tard, il quitte le collège pour suivre un CAP de cuisine mais les vols se répètent et l’adolescent est exclu de l’établissement.
En 1990, David Ramault se tourne vers l’armée et évolue rapidement, jusqu’à devenir caporal-chef l’année suivante. Il se vante d’avoir obtenu des diplômes de parachutisme et de plongée. Un mensonge puisqu’ils n’apparaissent pas dans son dossier militaire, précise l’enquêtrice. De nouveau exclu pour avoir volé de l’argent, il devient pompiste à Marquette-Lez-Lille, jusqu’à son incarcération en 1994 à la prison de Loos pour les quatre agressions.
En 2000, lors d’une permission accordée par le juge d’application des peines, David Ramault, 27 ans, rencontre Laetitia, lycéenne de 18 ans qui passe son bac. Lorsque la jeune femme apprend qu’il purge une peine de prison, celui-ci lui explique qu’il avait eu une relation sexuelle avec une fille “qui faisait plus âgée que son âge” lors d’une soirée alcoolisée et qu’elle était consentante. “Il me semblait sincère, témoigne Laetitia à la barre, donc j’ai cru sa version”.
Elle raconte ensuite leur histoire, heureuse, dès sa sortie de prison en juillet 2000 alors qu’une photographie de leur mariage, célébré deux ans plus tard, est projetée sur les écrans dans la salle de la cour d’assises. Très rapidement, le jeune couple s’installe à Wambrechies dans une maison en location. En 2004, Laetitia donne naissance à Aymeric puis à Matthias cinq ans plus tard. Après plusieurs jobs, David Ramault décroche son titre professionnel de transporteur de voyageurs et est embauché chez Transpole, société de transports en commun de la métropole lilloise, en 2014. 
La désormais ex-épouse de David Ramault décrit “un mari modèle et un papa modèle” : il s’investit auprès de ses deux fils comme parent d’élève dans leur école, les accompagne à leurs activités sportives. Parallèlement, le couple partage du temps avec des amis et part en vacances chaque année. “Comme dans tous les couples, il y avait des hauts des bas”, témoigne Laetitia.  
En 2016, Michel, frère de David, se suicide. Un moment difficile pour le père de famille. “Il a beaucoup souffert, avance son ex-femme. Il a beaucoup pleuré. Je voyais qu’il buvait plus”. Quelques mois avant la disparition d’Angélique, le couple traverse un moment difficile accompagné d’une baisse notable de la fréquence de leurs rapports sexuels. Laetitia pense à se séparer, mais le couple s’accroche et se lance même dans le projet d’achat d’une maison. En 2018, lors des vacances de Pâques, elle se rend quelques jours chez une amie dans le sud avec ses deux fils.  
Mercredi 25 avril, David Ramault – seul à la maison – ingurgite des pilules contre les troubles de l’érection et boit quelques bières. Dans l’après-midi, il se rend sur la plaine de jeu du quartier de l’Aggripin à Wambrechies, attire Angélique chez lui, la séquestre, la viole et la tue. Interpellé trois jours plus tard, il avoue les faits expliquant avoir eu une “excitation soudaine”.
Il amène ensuite les enquêteurs dans un bois de Quesnoy-sur-Deûle où il a caché le corps de la jeune fille. Lorsqu’elle apprend la nouvelle, Laetitia tombe des nues. Elle apprend que son mari lui a menti sur les raisons de sa peine de prison à la fin des années 90, qu’il regarde quotidiennement des films pornographiques avec des scènes de viol. 
Aux jurés, elle a voulu adresser un message : “ne vous laissez pas avoir, c’est un manipulateur. Il m’a manipulé pendant 18 ans”. Leur plus jeune fils est aujourd’hui suivi par un psychologue tandis que l’autre refuse catégoriquement de voir son père. Une procédure de changement de nom a été lancée mais n’a pas encore abouti. 
Tout au long de cette première journée de procès, David Ramault a écouté les témoins se succéder. Dans le box, il a beaucoup pleuré. À son père, il s’est excusé d’avoir “sali son nom”. Aux parents d’Angélique, il s’est excusé d’avoir “pris leur fille”.
Également entendue aujourd’hui, Vanessa, demi-sœur de l’accusé, a été interrogée sur la peine maximale encourue par son frère : la réclusion criminelle à perpétuité. Cette maman de 41 ans explique qu’après sa sortie de prison en 2000, David Ramault a “prouvé qu’il avait changé”. Pourtant aujourd’hui, à la question de la présidente, elle a répondu, calmement : “je pense qu’elle serait méritée et qu’il devrait passer le reste de sa vie en prison. Il avait tout. Pourtant, il n’a pas su contrôler ses pulsions. Et je pense qu’il n’y arrivera jamais”. 
“Je pense qu’elle serait méritée et qu’il devrait passer le reste de sa vie en prison. Il avait tout. Pourtant, il n’a pas su contrôler ses pulsions. Et je pense qu’il n’y arrivera jamais”. 
Vanessa Ramault, demi-soeur de David Ramault
Que ce soit en 1994 ou en 2018, l’accusé évoque des “pulsions” sans savoir les justifier. Lorsque son père l’a interpellé pour savoir si Angélique n’avait pas le droit de vivre, David Ramault, tête dans les mains, a conclu : “je suis un monstre”. Le verdict est attendu ce vendredi 19 novembre.

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