Aux Etats-Unis, les élections de mi-mandat devraient déboucher sur un nombre record de femmes gouverneures. La féminisation est plus avancée chez les démocrates, mais des républicaines ardentes et populistes ont fait une percée auprès de l'opinion.
Par Solveig Godeluck
Dans le Michigan, le prochain gouverneur sera une femme. Le 8 novembre, les électeurs auront le choix entre deux battantes, la démocrate Gretchen Whitmer – titulaire actuelle du poste – et une égérie trumpiste, Tudor Dixon.
La première s'est illustrée en réglementant la qualité de l'eau potable, en investissant dans les routes et en défendant les droits des justiciables mineurs. La seconde a fait campagne avec Donald Trump à ses côtés. Elle milite pour le port d'armes, contre les masques anti-Covid à l'école. L'une veut maintenir le droit à l'avortement, l'autre le bannir même en cas de viol.
I'm pro-Life.

My only exception is to protect the LIFE of the mother.

That has never changed as your video so nicely demonstrates.

I am the mother of 5 girls.

We lost one of our beautiful baby girls at 18 weeks.

I know what a Life is and I know it's worth protecting. https://t.co/XvumuwpCQE
A l'instar des duellistes du Michigan, 25 femmes concourent à un poste de gouverneure ce mardi, dont 12 sont favorites pour emporter l'une des 36 positions ouvertes, selon les analystes politiques de FiveThirtyEight . Le record de 2018 est battu. A l'époque, 16 candidates avaient été sélectionnées à l'issue des primaires. Il paraît d'ores et déjà clair qu'un autre record va être battu, celui du nombre total de gouverneures . Elles sont 9 à ce jour, soit 18 % du total, avec 6 démocrates et 3 républicaines.
La féminisation du personnel politique est en marche aux Etats-Unis. Les démocrates ont pris de l'avance, mais les républicaines sont portées cette année par une génération de combattantes ardentes, qui endossent avec panache les slogans populistes sur l'élection « volée » de 2020.
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Parmi les mieux placées, Kari Lake en Arizona, l'ex-présentatrice télé qui sait parler aux foules ; la gouverneure du Dakota du Sud, Kristi Noem, qui a passé une loi permettant aux entreprises de discriminer les homosexuels en invoquant des convictions religieuses ; Christine Drazan dans l'Oregon, que les extrémistes de son parti traitent de « Rino » (« Republican in name only », républicaine de façade) parce qu'elle a reconnu l'élection de Joe Biden.
Ces walkyries de la droite ne sont pas les seules à avoir percé dans les médias, et peut-être demain au pouvoir. Dans le Wyoming, Harriet Hageman est devenue une star républicaine en retournant sa veste et en prêtant allégeance à Donald Trump. Cela lui a permis de renverser Liz Cheney , l'éminente députée conservatrice qui veut faire condamner l'ex-président pour le sac du Capitole.
Autre égérie trumpiste, la députée de Géorgie Marjorie Taylor Greene relaie les thèses conspirationnistes sur Twitter, juge que le mari de sa collègue Nancy Pelosi aurait dû s'armer pour se défendre contre l'extrémiste de droite qui l'a attaqué au marteau, et appelle à la destitution de Joe Biden pour sa gestion des réserves pétrolières et les affaires de son fils Hunter Biden.
The same mainstream media democrat activists that sold conspiracy theories for years about President Trump and Russia are now blaming @elonmusk for "internet misinformation" about Paul Pelosi's friend attacking him with a hammer.

The media is source of misinformation.
Les candidates démocrates les mieux placées prennent un peu moins la lumière. Certaines font partie du décor, comme la gouverneure de New York Kathy Hochul. D'autres tentent de briser des plafonds de verre. Maura Healey dans le Massachusetts est bien partie pour devenir la première gouverneure homosexuelle.
La féminisation du personnel politique pourrait cependant reculer au Parlement, car « plusieurs candidates vulnérables sont des démocrates qui ont pris des sièges aux républicains en 2018 et font maintenant face à des adversaires forts dans une année favorable aux républicains », souligne FiveThirtyEight.
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Une péripétie qui ne doit pas masquer les progrès continus depuis trente ans, une époque où il n'y avait qu'une trentaine d'élues à Washington. Selon le service de recherche du Congrès, il n'y a jamais eu autant de femmes parlementaires aux Etats-Unis : 151 à la Chambre (28 %) et 24 au Sénat (24 %), soit 27 % au total, ce qui place le pays juste au-dessus de la moyenne internationale des parlements (26 %), loin derrière les quatre pays nordiques (44 % de femmes).
Les démocrates dominent. Elles comptent pour trois-quarts des députées et deux tiers des sénatrices aux Etats-Unis. Il faudra un plus grand nombre de candidates républicaines bien placées pour aller plus loin dans la féminisation.
Solveig Godeluck (Bureau de New York)
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