Malgré le manque d’eau dont souffre la nature en ce printemps et début d’été, les particuliers de Mont-de-Marsan et Saint-Pierre-du-Mont qui disposent d’un coin de verdure s’activent depuis quelques semaines pour relancer le potager, tailler les haies ou tondre la pelouse. Rien de neuf sous le soleil, sauf que cette année, pour évacuer les branchages, arrachages et restes de coupes, ils doivent sortir leurs bacs verts individuels une fois tous les quinze jours, et non plus chaque semaine, comme auparavant.
Ce changement de fréquence des tournées de ramassage des déchets verts a été décidé et annoncé par le Syndicat intercommunal de…
Ce changement de fréquence des tournées de ramassage des déchets verts a été décidé et annoncé par le Syndicat intercommunal de collecte et de traitement des ordures ménagères (Sictom) du Marsan en mars 2022, par un courrier distribué dans les boîtes aux lettres. Le syndicat, en charge de cette collecte depuis plus de deux ans, s’était laissé un an et demi pour réaliser une étude chiffrée et évaluer les besoins.
Résultat : « Une très grande hétérogénéité dans la fréquence d’utilisation de ce service, avec des tournées faiblement chargées tout au long de l’année. » Autrement dit, en dehors du printemps et de l’automne, les camions de collecte opéraient des tournées pour peu de déchets. « En moyenne, seuls 36 % des bacs sont présentés », complétait le Sictom, sur les 10 282 bacs déchets verts distribués. Au total en 2021, 2 521 tonnes de déchets verts ont été ramassées ainsi.
Avec ce nouveau rythme, l’objectif affiché et assumé du Sictom était de diminuer la fréquence de circulation des camions, donc de faire des économies de carburant et de fonctionnement, et de réduire les émissions de CO2. Deux mois après la mise en œuvre, quel bilan peut être tiré ? « Nous avons 24 % de bacs en plus, calcule Aloïs Armand, responsable du service communication et prévention du syndicat. Et toujours un bac sur deux qui n’est pas présenté. »
Comme tout changement qui implique de prendre de nouvelles habitudes, cette décision a fait des mécontents. L’Association pour l’information et la défense des consommateurs salariés des Landes (Indecosa-CGT Landes) a été sollicitée sur le sujet et relaie la parole d’usagers déçus du service rendu. « De mars à l’automne, les bacs sont bien présents chaque semaine, rétorque-t-elle. Dans les quartiers résidentiels, avec un habitat individuel où on trouve des personnes âgées ou vieillissantes, il y a beaucoup de haies, de pelouses, d’arbrisseaux. Faut-il faire le choix entre un peu de verdure contre la chaleur ou du tout béton et l’artificialisation des sols ? »
Le Sictom confirme qu’une cinquantaine de courriers de réclamation ont été reçus, et que chacun a obtenu une réponse individuelle. « Face au ressenti, à prendre en compte, évidemment, il y a les chiffres. Entre le 1er janvier et le 31 mai 2021, 34 055 bacs ont été présentés. Entre le 1er janvier et le 31 mai 2022, ce sont 42 179 bacs. Et sur une semaine récente, du 23 au 27 mai, qui a été une grosse semaine de collecte en 2022, 2 772 bacs ont été collectés sur toutes les tournées, sur un total de 10 282 bacs. »
À la question de l’augmentation du nombre de trajets individuels à réaliser vers les déchetteries, dont les coûts et l’impact écologique sont assumés par les usagers et non plus par le syndicat, le Sictom répond qu’« il n’y a pas plus d’apports en déchetterie ces derniers mois ». « Tous les habitants ne possèdent pas de remorques ou de véhicules adaptés pour vider les déchets verts dans les déchetteries », note Jean-Pierre Dumartin, membre d’Ingecosa-CGT. Ce qui signifierait donc que c’est une problématique de stockage qui se pose aux particuliers, notamment pour les plus gros déchets comme les tailles de haies.
À cela, le syndicat répond par de nouvelles pratiques, comme le paillage, le mulching, le compostage (les composteurs sont distribués gratuitement par le Sictom du Marsan après une demande sur le site Internet, comme les bacs de déchets verts), ou encore le broyage, mais encore faut-il être équipé pour le réaliser, individuellement ou collectivement, ce qui est encore mieux.
Au-delà de la question des besoins, l’association de défense des consommateurs déplore que, sur la forme, les usagers n’aient pas été concertés en amont, mais mis devant le fait accompli. Elle demande le retour à la collecte hebdomadaire à Mont-de-Marsan et Saint-Pierre-du-Mont et relaie une pétition mise en ligne par une citoyenne qui a recueilli 24 signatures jusque-là.
« Nous n’avons pas les moyens d’une consultation directe. Notre financement provient de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (Teom), prélevée par les collectivités. On a consulté les services et les élus des villes concernées, détaille M. Armand. La notion de service public est importante pour le Sictom, envers tous les usagers, mais le service public ne se rend pas sur des cas particuliers. » « On a simplement optimisé les tournées, et c’est aussi notre rôle », complète-t-il. « Ce recalibrage d’un service qui est plutôt rare sur le territoire national a permis par ailleurs de faire de nouvelles tournées de collectes sélectives. » Ou comment rien ne se perd et tout se transforme.

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