Le maire RN de Perpignan, Louis Aliot, candidat à la présidence du rassemblement national, devant l'université d'été du parti, le 18 septembre 2022 à Agde (Hérault).Pascal GUYOT © 2019 AFP
Un hommage qui passe mal. À Perpignan, la majorité Rassemblement national menée par le maire Louis Aliot, par ailleurs candidat à la présidence du parti, a proposé à la délibération du conseil municipal de nommer une nouvel esplanade du nom de Pierre Sergent.
Une décision qui a soulevé peu de remous au sein de l’assemblée perpignanaise, mais qui a provoqué la colère de commentateurs extérieurs, dont l’association SOS Racisme.
L’ancien militaire, homme politique et écrivain a notamment été le premier député Front national (FN) des Pyrénées-Orientales, en plus d’en avoir été conseiller général et d’avoir siégé au conseil municipal de Perpignan.
Mais ce qui a choqué parmi les observateurs, notamment l’association SOS Racisme qui a annoncé saisir la préfecture des Pyrénées-Orientales pour invalider la procédure, c’est surtout les activités de Pierre Sergent au début des années 1960.
En janvier 1961, il participe à la création de l’Organisation de l’armée secrète (OAS), groupe terroriste pro-Algérie française et en est par la suite l’un des chefs. Il participe également au putsch des généraux d’avril 1961, surnommé “putsch d’Alger”, une tentative de coup d’État pour maintenir l’Algérie dans le giron français.
Les historiens estiment aujourd’hui l’OAS est responsable de la mort d’au moins entre 1600 et 2400 morts en 1961 et 1962, dont 80 à 85% de “musulmans”, dénomination de l’époque pour les populations autochtones.
Le maire de la ville Louis Aliot, qui a proposé de nommer une nouvelle esplanade ce nom, justifie son choix:
“Certains n’ont que certaines lunettes en face des yeux pour ne pas voir la vie de Pierre Sergent dans son ensemble. C’est tout un parcours de la Résistance à d’autres résistances”, a-t-il souligné, invoquant le combat passé de Pierre Sergent face à l’occupant nazi durant la Seconde Guerre mondiale.
Du côté des oppositions, l’ancien maire Jean-Marc Pujol (Les Républicains) a applaudi la décision de la majorité RN : “Il ne s’agit pas de politique, il s’agit d’histoire et d’honneur. (…) Pierre Sergent a fait partie de ces hommes d’honneur qui ont refusé que l’on abandonne un pays qui s’appelait l’Algérie française”, a-t-il scandé tout en rappelant être lui-même né en Algérie française.
Dans ce conseil municipal qui ne compte pas d’élu de gauche, la véritable opposition, bien que mesurée, est finalement venu d’une autre élue des Républicains :
“La violence politique ne doit jamais être valorisée et c’est ce que vous faite aujourd’hui avec ce choix. Des innocents, des élus de la République, des militants ont été tués pour leurs idées. Des attaques aveugles ont semé la terreur”, a mis en avant Christine Gavalda-Moulenat, conseillère municipale LR, reconnaissant toutefois l’importance de Pierre Sergent dans l’histoire locale et ses combats passés.
Pierre Sergent a été traduit en justice pour ses activités terroristes et putchistes. En 1962 et 1964, il est condamné à mort par contumace car il a fui en Suisse et en Belgique. Mais ces condamnations sont annulées dans les années qui suivent. Et pour cause, de multiples amnisties ont été prononcées sous Charles de Gaulle, Valéry Giscard d’Estaing et même François Mitterrand, de 1962 à 1982. Mais pour Dominique Sopo, président de SOS Racisme, cela n’enlève rien à l’atrocité des actes du militaire aujourd’hui honoré.
La réaction de la préfecture des Pyrénées-Orientales face à cette saisine n’est pas encore connue.
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