l’essentiel Durant une journée, lundi, le tribunal judiciaire de Montauban a jugé neuf hommes et femmes mis en examen pour un vaste trafic de stupéfiants commis entre janvier et novembre 2021 entre Montauban, les Pays-Bas et le Maroc.
Suspectés d’avoir mis en place un réseau de trafic de stupéfiants (cannabis et cocaïne) entre le Maroc, l’Espagne, le Vaucluse, Rotterdam aux Pays-Bas et le quartier de Beausoleil bas à Montauban entre janvier et novembre 2021, neuf individus âgés de 20 à 40 ans dont une femme, ont été jugés au cours d’une audience spéciale d’une journée, ce lundi 7 novembre devant le tribunal judiciaire de Montauban.
Au centre de cette affaire pour laquelle cinq des neuf mis en examen sont également poursuivis pour une association de malfaiteurs, deux frères originaires de Cavaillon (Vaucluse) qui sont installés depuis des années en Tarn-et-Garonne avec leurs parents. Mis en examen avec leur sœur, les deux hommes sont considérés comme les "caïds" du point de deal de la cité de Beausoleil bas. Des allégations qu’ils ont contestées de façon véhémente durant cette audience qui s’est achevée tard dans la nuit.
À la tête de cette affaire familiale, Mustapha M., 35 ans, déjà condamné à deux reprises à 4 et 5 ans d’emprisonnement dans deux affaires de trafic de stupéfiants, et à 8 ans pour un meurtre, en 2012.
Remis en liberté dans cette affaire de stupéfiants en raison d’un vice de forme relevé par son avocat le 21 janvier dernier, le trentenaire qui devait comparaître libre, a finalement retrouvé quelques jours avant l’audience son frère dans le box des prévenus. Avec l’un de ses bras droits, Naïm El K., 26 ans, également poursuivi dans ce réseau, Mustapha M., a, en effet, été interpellé par le Raid et la BRI le 2 novembre dernier à Montauban pour un autre trafic de cocaïne irradiant le quartier de Beausoleil bas (notre édition du 5 novembre).
Incarcéré depuis sa mise en examen en mai 2022, son frère Youssef M., 28 ans, aurait été depuis le Maroc, où il était détenu pour avoir tenté d’importer 90 kg de résine de cannabis, le véritable "cerveau" de ce réseau. Il est également poursuivi pour blanchiment d’argent lié à ce trafic de stupéfiants. De l’argent qui aurait été investi dans l’immobilier au Maroc. Des faits qu’il conteste et pour lesquels son avocat Me Eric Mouton a plaidé la relaxe dans la soirée.
À leurs côtés, des seconds couteaux à l’instar de Hakim A., 33 ans, alias "Saloné" (en référence à son lieu de naissance à Salon-de-Provence), un copain d’enfance des frères Mustapha et Youssef, par qui toute cette affaire commence. Après neuf mois d’enquête, de filatures, et d’écoutes téléphoniques de la bande, le trentenaire qui effectue un aller-retour entre Montauban et Rotterdam pour ramener de la cocaïne, est interpellé par le GIGN en Moselle.
Dans ce véhicule, l’une des neuf autos suivies et balisées depuis des mois par les gendarmes de la brigade de recherches (BR) de Montauban et de la section de recherches (SR) de Toulouse, les enquêteurs découvrent 3,3 kg de cocaïne. De la drogue que les gendarmes retrouvent dissimulée dans une cache aménagée avec un système sophistiqué dans le coffre.
Un autre véhicule, doté d’un système de cache, est également découvert en Tarn-et-Garonne dans lequel on retrouve 10 kg de résine de cannabis, de nombreuses munitions d’armes de poing, 3 000 € et un gilet pare-balles sur lequel on retrouve l’ADN de Mustapha.
"Je sortais de détention, j’avais besoin d’argent pour acheter des meubles. Je ne suis pas trafiquant", jure Hakim en bougeant ostensiblement les bras et assurant avoir été mandaté par des dealers de Nîmes pour cet achat de cocaïne aux Pays-Bas.
— Ce véhicule dans lequel on retrouve la cocaïne, il a servi à votre ami d’enfance Mustapha ?, l’interroge la présidente Audrey Trafi.
– Ils (les frères M.) ne sont pas au courant, je suis à la botte de personne, se défend immédiatement Hakim dont le casier est émaillé malgré son âge de 40 mentions pour 13 ans de détention.
— Et tous les allers-retours en Espagne, c’était pourquoi ?, lui demande le procureur Bruno Sauvage.
— C’était des vacances, je fréquente aussi les prostituées à La Jonquera au Dallas, je suis un toxicomane à la cocaïne, lâche Hakim qui s’autodiagnostique bipolaire.
Présenté comme l’un des bras droits de Mustapha à la cité de Beausoleil, Stiljan S., un ressortissant albanais de 21 ans, qui a fait pas moins de dix trajets aux Pays-Bas, livre à peu près les mêmes explications sans convaincre personne. "J’ai un cousin à Rotterdam, j’allais le voir, assure-t-il.
— Combien de temps passez-vous avec lui sur place ?, demande la présidente rappelant les bornages de son téléphone.
— 1 à 2 heures : ce n’est pas un crime !", ne se démonte pas le jeune homme assurant avoir dérobé le cannabis retrouvé chez lui dans une cave de la cité des Chaumes.
Ce dernier livre les mêmes explications pour expliquer les nombreux allers-retours qu’il effectue nuitamment entre Montauban et le Vaucluse pour amener son ami Mustapha. "Il allait voir sa femme et son fils", dit-il alors que le duo ne reste parfois que 5 minutes sur place.
"On n’a rien retrouvé chez moi, le dossier est vide et à charge", hurle Mustapha dès que son nom est évoqué dans le dossier. "Je m’invente des vies", poursuit le trentenaire déclarant être mythomane afin d’impressionner son frère Youssef. Difficile pourtant de nier les écoutes téléphoniques où des sommes sont évoquées entre les deux hommes et comment il faut gérer les affaires. "On parlait de parties de poker", arguent Mustapha et Youssef qui ne cessent de se concerter dans le box durant l’audience.
— Vous demandez au "petit", "l’Albanais" de "se bouger", de "bouger les petits (de la cité)", l’interroge le procureur rappelant aussi la découverte d’une plantation de cannabis à Saint-Sixte que les prévenus ont reconnu avoir montée.
—  C’était des paroles", certifie Mustapha.
Une ligne de défense qui ne convainc pas le ministère public qui évoque dans ses réquisitions un "important trafic structuré avec des bénéfices qui sont investis au Maroc". Le procureur Bruno Sauvage requiert ainsi 10 ans contre Mustapha M. avec une interdiction de séjour en Tarn-et-Garonne de 5 ans et 20 000 € d’amende, 8 ans contre son frère Youssef assorti également de 20 000 € d’amende et une interdiction de séjour de 5 ans du département.
Au vu de son passé judiciaire, il requiert contre Hakim A. 7 ans d’emprisonnement avec maintien en détention. Pour les bras droits des "caïds", Stiljan S., 4 ans avec maintien en détention ainsi que 10 000 € d’amende et l’interdiction durant 2 ans du département, et pour Naïm El K., 3 ans mandat de dépôt et 8 000 € d’amende avec la même interdiction. Les plaidoiries des huit avocats de la défense se sont poursuivies tardivement dans la soirée. À l’heure où nous bouclions ces lignes, le délibéré du tribunal était encore attendu…
315000 €
Contact : Montauban Sud – Sapiac : Sur une parcelle arborée de 2300 m², ve[…]

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