L’effarement, puis l’émerveillement qui l’emporte malgré tout face à un tel chef-d’œuvre de l’histoire… La foule qui s’est pressée samedi pour visiter le château de Vigny a ressenti des émotions extrêmes. Le nouveau propriétaire, Fabrice Levesque, avait décidé d’ouvrir exceptionnellement une partie du site afin que chacun se rende compte de l’ampleur de la tâche qu’il reste encore à accomplir pour sauver ce monument.
L’homme s’est lancé dans un combat féroce contre la mérule, un champignon qui menace de mettre à bas ce site érigé en 1 504. « Ce château c’était un coup de foudre, et puis un beau challenge, j’ai un attrait pour ce genre de projet », confie celui qui a déjà rénové d’anciens relais de postes pour y aménager des hôtels à Lyons-la-Forêt (Eure). « Mais lorsque j’ai acheté en 2016, nous étions loin de penser que la problématique mérule était si importante. »
Des sculptures délicates ornent façades et lucarnes de ce monument plein de charme. LP/Marie Persidat
Environ 600 000 € ont déjà été dépensés tenter de venir à bout de ce fléau. Le chantier qui ne devait durer que neuf mois n’est toujours pas terminé. « La mérule est très vorace, depuis deux ans et demi, nous avons recherché et traité le champignon dans les moindres recoins », explique Thibaut Faurie, l’architecte chargé de la rénovation. C’est donc un intérieur en grande partie démonté, aux éléments décoratifs arrachés, que le grand public a découvert ce week-end. « Avant de faire rêver à nouveau, il faut passer par des choses dures, tout gratter », détaille l’architecte.
Plus grave encore, lors de cette étape, les spécialistes se sont aperçus que la structure même du bâtiment était atteinte, plus de 80 poutres porteuses sont hors d’usage… Ce qui explique la présence de nombreux étais un peu partout, chargés de soutenir l’édifice en attendant que ces pièces maîtresses soient changées. C’est là que tout se complique encore.
Pour réaliser la seconde phase du sauvetage, le propriétaire a besoin de dix fois plus d’argent, soit plus de 6 M€. « Si l’on n’engage pas cette phase, la mérule va revenir », soupire Fabrice Levesque. « Elle pourrait même gagner le village… »
Fabrice Levesque a racheté château de Vigny en 2016. Le site, qui appartenait à une société japonaise, était abandonné depuis une dizaine d’années. LP/Marie Persidat
Devant ce défi titanesque, il ne recule pourtant pas. Le loto du patrimoine a permis une première levée de fonds – un peu plus de 160 000 € – et surtout une « mise en lumière » du site. L’ouverture d’une souscription et l’appel au mécénat prolongent désormais la campagne. « Ce château a besoin de revivre », confie le maire Robert de Kerveguen, dont la famille a un temps été propriétaire du domaine. « Sans l’intervention de Fabrice Levesque, je crois qu’il serait par terre. »
La grande majorité des habitants de Vigny avait fait le déplacement ce samedi pour retrouver « leur » château. « Tout Longuesse est là aussi ! », sourit Bénédicte. « Nous sommes tellement contents, c’était si triste de le voir ce site. » Pour certains, il s’agissait de retrouvailles. « Pendant longtemps, le parc était ouvert le week-end, puis de temps en temps », se souvient Robert de Kerveguen. « Il me semble que la dernière grande ouverture remonte à 1992. »
Élisabeth et Patrick attendaient depuis longtemps de pouvoir à nouveau franchir l’immense portail d’entrée de ce parc de 20 ha. « En 2002 nous avions eu la chance de pouvoir organiser une chasse aux œufs de Pâques, mais juste pour les habitants de Vigny », se souvient le couple. « Et puis on avait fait Halloween, mais les enfants avaient tellement peur qu’il fallait les tirer par la main. » Audrey leur fille, était trop jeune pour s’en souvenir. « Je découvre les lieux aujourd’hui, c’est vraiment un château de conte de fées. » Bruno, un habitant passionné d’histoire, a des étoiles dans les yeux. « On voit bien que c’était magnifique, et il y a des traces de familles illustres partout! » Bâti par Georges 1 er d’Amboise, Premier ministre de Louis XII, le château a été racheté par le connétable Anne de Montmorency puis par les Rohan. « C’est l’histoire du village, de la région et un peu de l’histoire de France qui s’est jouée ici », souligne Fabrice Levesque. Demain une autre page pourrait s’écrire…
Des barres de fer renforcent la structure un peu partout car la mérule a attaqué de nombreuses poutres porteuses dans cet édifice géant qui compte 180 pièces.LP/Marie Persidat
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