Le 15 juillet 2015, une septuagénaire s'est noyée lors d'une sortie en bateau, au large du plus grand port de plaisance d'Europe. D'abord poursuivi pour assassinat, son amant a comparu pour homicide involontaire devant le tribunal correctionnel de Nîmes, jeudi 8 décembre. 
Que s'est-il exactement passé ce 15 juillet 2015 au large de Port-Camague où Anne (prénom d'emprunt) a trouvé la mort dans des circonstances particulièrement obscures ? 
Ce mercredi ensoleillé, la gendarmerie maritime de Toulon est informée qu'un cadavre découvert à 5,5 km des côtes par un plaisancier, a été ramené au port. L'homme de 68 ans à l'époque, a amarré le corps à l'arrière de son embarcation, affirmant avoir tenté en vain de le remonter à bord. 
Rapidement, Jacky, le skipper originaire des Yvelines, révèle aux militaires que la femme de 74 ans décédée était sa maîtresse depuis 2013. Une relation extraconjugale matérialisée notamment par de discrètes sorties en mer sur son voilier de 9,15 mètres.
Durant l'audience correctionnelle du jeudi 8 décembre, Jacky initialement soupçonné d'assassinat semble bien froid. L'homme se montre peu disert. À 75 ans, le prévenu en col roulé gris au casier judiciaire vierge comparait libre – et pour la toute première fois –  devant un tribunal, pour homicide involontaire "par violation délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence". Il lui est notamment reproché de ne pas avoir surveillé la baigneuse ni jeté l'ancre ou, encore, de ne pas avoir maintenu le bateau suffisamment proche de celle-ci le temps de la baignade.
"Selon vos proches, vous êtes un navigateur rigoureux et vigilant. Alors pourquoi être rentré dans la cabine, pendant que la victime âgée de 74 ans, porteuse d'une prothèse de hanche avec probablement un faible niveau de nage, se trouvait seule en pleine mer ?", interroge le président.
"Je ne me rappelle pas être entré dans la cabine. Je me suis retourné et là, je n'ai vu que son dos (flottant à la surface, ndlr). J'ai mis le moteur en route et quand je suis arrivé, elle avait le nez et la bouche pleins d'eau. Là j'ai compris", répond celui qui fut à l'initiative de cette ultime escapade, fatale pour sa maîtresse.
Placé sur écoutes après les faits, Jacky apparaît particulièrement indifférent à la mort d'Anne dans les extraits lus par le président. Il semble bien plus embarrassé par la saisine de son embarcation pour les besoins de l'enquête ! "Au Cross-Med, celui qui vous a eu en ligne quand vous avez signalé la noyade a également été surpris par votre détachement !", souligne le président du tribunal. 
Sur le banc de la partie civile, la fille de la victime est en pleurs. "Ma mère voulait quitter cet homme. Même si elle ne l'aurait peut-être pas fait, elle disait qu'elle allait tout dire à sa femme !", assure la quadragénaire rousse grande et mince, qui s'étonne que sa mère ait accepté de se retrouver seule dans l'eau en haute mer. Elle qui avait, selon elle, peur du fond et pris l'habitude de nager toujours proche du rivage. "L'imaginer ligotée, tirée à l'arrière de ce bateau jusqu'au port, pour moi c'est insupportable !"
Autour de 19 heures, le procureur Lubin requiert trois années d'emprisonnement totalement assorties d'un sursis probatoire, l'annulation du permis bateau avec interdiction de le repasser durant 5 ans et la confiscation des scellés. 
"L'accumulation de négligences constatée en matière de sécurité constitue ici la faute caractérisée du prévenu qui, en sa qualité de chef de bord, était chargé d'assurer la sécurité des personnes embarquées ", insiste de parquetier.
En début de soirée, l'avocate de Jacky a plaidé la relaxe.  "La victime est morte d'une noyade ''blanche'', laissant supposer une mort rapide due à un malaise. Mon client n'aurait donc pas eu le temps de lui porter secours. (…) Par ailleurs, le défaut de surveillance ne peut suffire – à lui seul – à constituer une faute caractérisée de nature à engager la responsabilité du chef de bord".
Le délibéré dans cette affaire sera rendu public le 5 janvier à 14 heures. D'ici là, Jacky est ressorti libre du tribunal. Accompagné par son épouse, le cou paré d'un élégant médaillon en or blanc… en forme de voilier.
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